Non classé « La Corée du Sud est l’un des pires pays du monde en termes de droit du travail »

Mikyung Ryu

Article paru en marge du sommet du G20 à Cannes les 3 et 4 novembre dernier, dans le hors série n° 12 d’Altermondes, sous le titre Mikyung Ryu, une femme engagée.

Mikyung Ryu

Inspirée par les manifestations populaires contre l’OMC à Seattle (Etats-Unis), en 1999, Mikyung Ryu a rejoint le mouvement altermondialiste et œuvre aujourd’hui au sein de la KCTU au renforcement des solidarités entre syndicats de travailleurs du monde entier.

« La Corée du Sud est l’un des pires pays du monde en termes de droit du travail, explique-t-elle, lucide sur le sort de ses concitoyens. Plus de 50% des travailleurs y sont précaires et n’ont pratiquement aucun moyen de défendre leurs droits les plus élémentaires.»

Pour convaincre les sceptiques, Mikyung aime raconter l’histoire de Kim Jin-Suk, une autre militante : «Lorsque le grand chantier naval coréen Han-jin Heavy Industry a annoncé un plan de licenciement massif, fin 2010, Kim Jin-Suk est montée sur une grue en signe de protestation. Elle y est restée plus de 100 jours. En vain. » Et ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres, dans un pays où le droit de grève, pourtant garanti par la constitution, expose ceux qui s’y risquent à de sévères sanctions.

«Le gouvernement coréen n’a pas ratifié certaines des conventions principales de l’Organisation internationale du travail, notamment celles relatives à la liberté d’association et de négociation collective », s’indigne Mikyung. L’article 314 du Code pénal sud-coréen prévoit également des sanctions sévères, allant jusqu’à cinq années d’emprisonnement et des amendes exorbitantes pour «entrave à l’activité économique».

En amont du G20 de 2010 qui se tenait à Séoul, une campagne internationale avait été lancée afin de mettre la pression sur les dirigeants coréens et les forcer à respecter leurs engagements. «Plusieurs leaders syndicaux internationaux ont été reçus par notre président Lee Myung-Bak. Le gouvernement n’a prêté attention à aucune de leurs revendications. Cette rencontre n’a servi qu’à redorer son image aux yeux du monde ».

Mikyung et son syndicat s’étaient mobilisés, quant à eux, dans le cadre de la Semaine populaire de l’action collective : « Malgré les efforts de la police anti-émeutes, venue en force, ce contre sommet a rassemblé plus de 10000 participants et 150 délégations internationales lors d’une grande marche. »

A la veille du G20 de Cannes, Mikyung se fait toujours peu d’illusions. Elle ne baisse pas pour autant les bras. « Il n’y a pas de raisons que ce sommet soit différent de celui de Séoul. Pire, la crise économique offre aux puissants une excuse supplémentaire pour prôner l’austérité au détriment des travailleurs. Mais les organisations syndicales et citoyennes françaises préparent des actions, et la KCTU compte bien s’y associer ! »

Sarah Portnoï – ALTERMONDES

 

 

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