Non classé Yvette Roudy : « La pression sur les institutions ne doit jamais cesser ! »

A l’occasion de l’élection présidentielle, le Centre Hubertine-Auclert organise des Causeries présidentielles et invite des associations à présenter une initiative qu’elles ont menée pour mettre l’égalité femmes-hommes à l’agenda politique. Le 13 mars, en présence d’Yvette Roudy, ministre des Droits des femmes sous Mitterrand, les Féministes en mouvements (FEM) sont venues présenter leur manifeste et faire le bilan de leur soirée d’interpellation des candidat-e-s.

En notant que la feuille de route d’Yvette Roudy, lorsqu’elle a pris ses fonctions de ministre des Droits des femmes en 1981, et les revendications du collectif des FEM présentent de grandes similitudes, la directrice du Centre Hubertine-Auclert, Claudie Baudino, rappelle à quel point les inégalités sont encore prégnantes dans la société française.

Pour y remédier, le collectif a publié son manifeste « Mais qu’est-ce qu’elles veulent encore ? », qui dénonce onze fausses évidences sur l’égalité femmes-hommes. Les FEM sont également à l’origine de la soirée d’interpellation des candidat-e-s à la présidentielle le 7 mars dernier à la Cigale à laquelle étaient présent-e-s Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, Eva Joly, d’EELV, François Hollande, du PS, et Philippe Poutou, du NPA. La Causerie présidentielle du Centre Hubertine-Auclert du 13 mars a donc été le moment de revenir sur cet événement.

Séverine Lemiere, féministe en mouvements qui a interpelé Eva Joly, lors de la soirée, explique que « les féministes doivent constamment se rappeler aux politiques publiques. Elles se sont invitées dans la campagne, ce qui a forcé les candidats à se positionner ». Résultat : les candidat-e-s présent-e-s ont pris des engagements, notamment celui de créer un ministère des Droits des femmes.

Séverine Lemiere a relevé que les candidat-e-s avaient travaillé le sujet et qu’ils-elle ont profité de cette soirée pour étayer leur programme. Malgré tout, certaines thématiques ont « titillé » ces personnalités politiques comme l’ouverture – très coûteuse– de 500 000 places en crèches et l’abolition de la prostitution.

Yvette Roudy a salué la soirée organisée par les FEM : 

« J’ai trouvé l’initiative excellente ! J’ai été agréablement surprise de la résurgence du mouvement féministe, avec des jeunes. Je l’attendais depuis ma sortie du gouvernement. Je disais « ça va revenir parce que le combat n’est pas terminé », vous avez sauté une génération. »

D’après elle, les meilleures armes des FEM sont leur connaissance parfaite des nouveaux médias et leur humour. L’ancienne ministre s’est dit impressionnée par l’ampleur de la mobilisation et félicite le collectif d’être parvenu à regrouper 45 associations.

Si la Cigale était pleine à craquer le 7 mars dernier, le but avoué du collectif était de montrer aux candidat-e-s que la question de l’égalité femmes-hommes fait déplacer des foules. Elles regrettent cependant que les candidat-e-s des partis de droite ne soient pas venu-e-s : 

« Cela montre sans doute l’intérêt que porte la droite à la question… Mais nous sommes conscientes que les valeurs de gauche ne suffisent pas à garantir l’égalité femmes-hommes. Les femmes ne veulent plus être considérées comme une catégorie dans les programmes. Il faut proposer une politique globale féministe qui inclut les questions économiques et sociales. Aucune politique publique n’est neutre, et quand elle se pose telle quelle, elle a des effets négatifs sur les femmes. »

Les FEM n’ont pas invité Marine Le Pen, candidate du Front national, en raison des propos du parti sur « l’IVG de confort » et la « préférence nationale ». Les organisatrices ont estimé que la candidate expose des idées aux antipodes des revendications qu’elles portent. Elles envisagent d’ailleurs de mener une action pour que tous les partis se positionnent clairement sur l’IVG et son remboursement.

Les FEM sont enthousiastes, mais restent très mobilisées. Elles savent que rien n’est gagné. Yvette Roudy leur conseille d’ailleurs de continuer :

« La pression sur les institutions ne doit jamais cesser. Si l’on écoute les politiques, il y a toujours quelque chose de plus important ! En ce moment, ils veulent intimider avec la crise. A mon époque, c’était le chômage ! Même la création d’un ministère ne règle pas la question, cette institution est juste un guichet pour les réclamations. »

Avis partagé par Caroline De Haas, co-fondatrice et porte-parole d’Osez le féminisme jusqu’en juillet 2011, qui craint que l’engouement créé par le 7 mars reste accolé à la Journée internationale des droits des femmes.

Louise Gamichon – EGALITE

 

 

 

 

 

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