Brèves Il faut interdire officiellement l’expression abdominale en France !

Le 8 février, le compte Bliss-stories a publié un épisode de son podcast dans lequel Lucie Kakuta Mambenga, jeune maman influenceuse sur Instagram @babyatoutprix, témoigne de l’accouchement qu’elle a vécu et en particulier de l’expression abdominale qui a failli lui coûter la vie. 

Cet épisode est devenu le numéro 1 du classement d’Apple Podcast avec plus de 200 000 écoutes la première journée. 

L’expression abdominale qu’est ce que c’est et pourquoi ce n’est plus tolérable ?

L’expression abdominale consiste à exercer une pression intense sur le ventre d’une future maman avec l’intention spécifique de raccourcir la deuxième phase de l’accouchement (période d’expulsion).  

En 2007, lors d’une évaluation des bénéfices et des risques de l’expression abdominale, la Haute Autorité de Santé (HAS), a justifié l’abandon de cette pratique s’appuyant notamment sur le caractère traumatique et dangereux de celle-ci. Dans ces recommandations, la HAS précise que si une expression abdominale est pratiquée malgré tout, “elle doit être notée dans le dossier médical […] en précisant le contexte, les modalités de réalisation, et les difficultés éventuellement rencontrées”… ce qui est rarement le cas.

En 2017, Israël Nisand, Président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), affirmait dans une interview au journal ELLE que « l’expression abdominale n’a plus lieu. Si elle a lieu c’est une faute technique et une faute professionnelle grave ». Pourtant, de nombreuses femmes prennent la parole et dénoncent cette pratique douloureuse et traumatisante, souvent faite sans explication ni demande de consentement, qui n’est généralement même pas inscrite dans le dossier médical.

D’ailleurs, un sondage a été publié sur le compte de l’Instagrameuse : sur plus de 25 000 répondantes, 24%  déclarent avoir subi une expression abdominale.

La sénatrice Laurence Cohen a interpellé le gouvernement le 15 février, dans une question écrite, lui demandant « quelles mesures concrètes il compte prendre en termes de formations auprès du personnel médical et de contrôles afin de s’assurer que cette pratique inhumaine et dangereuse ne soit plus utilisée lors des accouchements ».

Le collectif “Stop Aux violences Obstétricales et Gynécologiques” demande :

  • la formation obligatoire des professionnel·les de santé, en maternité et des étudiant·es en médecine et en école de sage-femme, aux bonnes pratiques médicales issues des recommandations (HAS, CNGOF, CNSF etc) et notamment à l’abandon de l’expression abdominale.
  • Légiférer pour interdire officiellement la pratique de l’expression abdominale en France.
  • Lancer une enquête nationale d’envergure pour mesurer les violences obstétricales en France : en évaluant la qualité des pratiques médicales, l’application systématique ou non de la loi Kouchner sur le consentement et le niveau de satisfaction des femmes concernant leur grossesse, leur accouchement et le séjour en maternité.
  • Créer un numéro vert d’écoute, d’aide et d’informations sur les soins et recours possibles, destiné aux victimes de violences obstétricales et gynécologiques (à l’image du 3919 pour les violences conjugales).
  • L’obligation de rendre publics les taux des pratiques médicales de chaque maternité : taux d’épisiotomie, de césarienne, d’extraction instrumentale, la date et le taux de déclenchement, de péridurale, ainsi que le “protocole covid” concernant la présence du conjoint·e/accompagnant·e et le port du masque lors de l’accouchement et du séjour en suites de couches. 

Pour plus de transparence et d’informations aux femmes enceintes :

  • L’obligation et rappel par la loi que tout doit être marqué dans le dossier médical : tous les actes médicaux, examens, gestes effectués, niveau de douleur de la patiente, personnes présentes dont les étudiant·es, etc.
  • Abolir le principe de confraternité pour briser l’omerta entre professionnel·les de santé et leur permettre de dénoncer les mauvaises pratiques et les actes malveillants et préserver ainsi la santé des patient·es.
  • Prendre en charge à 100% les frais médicaux et les frais liés aux soins du psychotrauma suite à des violences obstétricales. Pour la mère, son (ou ses) enfant(s) et la/le témouine/témoin des violences ou co-victime parfois également traumatisé·e.

Collectif “Stop Aux violences Obstétricales et Gynécologiques”

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