Brèves Marion Plumet, une artiste engagée

marion plumet

Ce mois de mars met en lumière les luttes des femmes pour leurs droits, tout comme le travail de la jeune artiste féministe, Marion Plumet. Ses recherches se construisent à partir des questionnements liés au sort des femmes. Elle nous explique combien il est difficile de trouver des lieux pour exposer son travail quand on questionne la légitimité de la domination masculine et que l’on met l’accent sur le ressenti et le point de vue des femmes en matière de violences, de prostitution ou de pornographie.

Quand les femmes se réapproprient un discours sur leur corps et leurs émotions qui contredit les points de vue masculins, elles sont ostracisées et dénigrées. Un artiste homme peut faire subir n’importe quel traitement au corps féminin sous prétexte d’art, une femme qui remet ce dogme en question est traitée de militante…

Marion est entrée en art par le dessin, et pendant le confinement elle a réalisé le dessin Temps suspendu entre mars et septembre 2020. Débuté au 1er jour du 1er confinement, il s’agit d’un étrange paysage, exubérant, halluciné. Très différent de ses travaux habituels, ce dessin est un « temps suspendu » à côté de sa pratique. Ici, pas de discours, juste du temps, beaucoup de temps passé à l’ouvrage. Face à l’incertitude et à la difficulté de se projeter, heure après heure, jour après jour, trait après trait, elle a essayé de remplir le vide.

Elle vient également de participer avec quatre autres jeunes artistes à une exposition collective à Paris, une exposition itinérante qui voyage dans une boîte ! L’exposition s’appelle A(R)T HOME : Espèces d’Espaces. Elle a été imaginée par les femmes du Collectif Embrayage. Sa contribution à cette exposition se compose d’une pièce de sa série La douleur de foyer, dans laquelle elle caviarde des ouvrages dits féminins à grands coups de blanco. Elle s’attaque aux textes de ces revues de décoration d’intérieur et livres de cuisine et recompose le récit. On y voit des intérieurs propres, parfaitement aménagés et rangés, des plats appétissants. En apparence, tout est parfait. Mais si on fait l’effort de lire entre les lignes, c’est une tout autre réalité que l’on découvre : celle des violences conjugales et de l’inceste. En plus d’être violents, les textes sont hachés, difficiles à déchiffrer. La lecture n’est pas fluide. Ils sont à l’image des paroles des victimes : des paroles découpées, fragmentées, difficiles à comprendre, difficiles à entendre. Elle a volontairement utilisé des images du passé montrant des intérieurs et des plats désuets. Cette mise à distance temporelle permet « d’entrer » dans le travail malgré la grande violence du propos.

Actuellement, Marion participe à l’exposition Je t’aime, je t’a(b)îme qui se tient au Centre culturel MJC de Comines-Warneton en Belgique (proche de Lille), dans le cadre d’une vaste campagne contre les violences intrafamiliales. Une partie de son travail est visible a la bibliothèque BiblioLys et à l’Arsenal, ainsi que dans les rues de la ville. Elle y expose entre autres les séries « Silence on viole » et « Nos femmes ».

Ecouter plus : Entretien avec Marion Plumet par Marie-Hélène Le Ny 50-50 Magazine

Photo de Une : Campagne de lutte contre les violences intra familiales nommée « JE T’A(b)IME » sous forme d’exposition par Marion Plumet.

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