Articles récents \ France \ Société Rapport national du GMMP 2020 : Les femmes toujours invisibles

Le Global Media Monitoring Project (GMMP) est une étude de grande envergure menée à l’échelle mondiale sur les stéréotypes de genre, sur la représentation des femmes et sur le sexisme dans les médias d’information. Cette étude a débuté en 1995 lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing.

Le but du GMMP est de dénoncer le manque de visibilité des femmes dans les médias et de faire évoluer les mentalités en présentant les problématiques existantes sur ces sujets. Un rapport a lieu tous les cinq ans pour faire un bilan des avancées et des difficultés persistantes dans le monde. En 1995, les résultats de la France étaient trop lacunaires, ils n’ont donc pas été intégrés aux résultats finaux du GMMP. La France ayant intégré cette étude mondiale depuis 2010, il s’agit là de sa 3ème participation. Elle n’y a pas participé en 2000 et en 2010 seuls les médias dit traditionnels ont été pris en compte (radio, télévision, presse). Les médias électroniques, comme par exemple Twitter, n’ont été ajouté qu’en 2015.

Le rapport national du Projet mondial de monitorage des médias explique la manière dont les données ont été récoltées pour l’année 2020 : « Les équipes du GMMP dans 116 pays ont surveillé 30 172 articles publiés dans les journaux, diffusés à la radio et à la télévision, et diffusés sur les sites Web d’information et via les tweets des médias d’information dans 2 251 points de vente. Les histoires contenaient 58 499 sujets et sources d’information, et ont été rapportées et présentées par 28 595 journalistes. Le nombre de nations participantes a augmenté de 63 % depuis 1995, car des données de référence ont été recueillies pour huit pays se joignant à l’étude pour la première fois. Le nombre de faits divers suivis a doublé au cours des 25 dernières années et a augmenté de plus de 8 000 depuis l’édition 2015. » Cela souligne l’ampleur du projet.

Le constat de ce rapport est sans appel, dans les médias, les femmes sont toujours minoritaires. Les chiffres sont vraiment significatifs des problèmes de sous représentations des femmes. Le rapport France a été coordonné par Marlène Coulomb-Gully et Cécile Méadel, qu’il a mobilisé plus de 50 personnes, universitaires pour la plulart, et qu’il a porté sur la presse, la radio, la TV, Internet et Twitter. En France, dans moins de 30% des cas, elles sont l’objet ou la source des nouvelles. Le rapport national précise « ce chiffre est en hausse par rapport à 2015 mais ne dépasse que faiblement celui de 2010. »

L’enquête de 2015 montre que seulement 24,1% des sujets traitent des femmes. Nous pouvons remarquer un recul notable par rapport à l’étude de 2010 qui comptait 28,3%. Des avancées existent mais restent tout de même très faibles. Dans les médias, au maximum, « dans un cas sur quatre les expert·es ou porte-paroles sont des femmes. » Le rapport de la députée Céline Calvez a été publié en septembre 2020, il met en lumière des chiffres plutôt alarmants : à la télévision 31% des personnes à qui la parole a été donnée sont des femmes, à la radio le chiffre chute à 27%.

Cette problématique existe au sein même des médias, les journalistes sont en majorité des hommes (61%). Ce pourcentage a de quoi surprendre lorsque l’on sait que les écoles de journalisme sont composées d’environ 60% de femmes. A la radio, les femmes ne représentent que 36%  des journalistes, dans la presse et dans les médias en ligne elles sont 42%, mais à la télévision elles sont devenues légèrement majoritaire (51%).

Si pour Stendhal « un roman, c’est un miroir qu’on promène le long d’un chemin », les médias eux ne sont qu’un reflet déformant de la réalité. Si les femmes sont moins représentées, alors nous avons l’impression qu’elles n’existent pas. Cette étude est importante et permet de se rendre compte que les femmes sont cachées, dissimulées, éclipsées.

Le rapport national du GMMP a établi cinq recommandations :

  1. Promouvoir des rédactions responsables
  2. Promouvoir le genre dans la formation professionnelle initiale et continue
  3. Poursuivre, discuter et publiciser le travail de monitorage régulier des médias
  4. Inciter les pouvoir publics à s’engager
  5. Promouvoir l’égalité de genre dans l’éducation initiale, l’éducation aux médias, la vigilance citoyenne

Océane Laffay 50-50 Magazine

print