Articles récents \ France \ Société Le vaccin perturbateur des règles : révélateur du manque d’intérêt concernant la santé des femmes ?

Depuis leur vaccination contre le COVID-19, de nombreuses femmes se sont plaintes de douleurs lors de leurs règles. Les signes étaient bien réels mais beaucoup d’incertitudes planent encore sur le sujet. Du personnel médical a été contacté pour obtenir des informations mais aucun·e professionnel·le de santé n’a voulu communiquer sur ce sujet, préférant dire que le vaccin avait une incidence minime sur les règles. Pour elles/eux, il aurait eu le même effet que les autres vaccins, il retarderait de quelques jours seulement l’arrivée des règles lors du cycle suivant la vaccination.

Eléanor* , une jeune femme de 22 ans, a accepté de témoigner sur son expérience.

« Depuis le vaccin du COVID-19, j’avais des règles abondantes qui ne s’arrêtaient plus et cela a duré pendant quatre mois consécutifs ! Je portais des serviettes hygiéniques tous les jours depuis janvier. Je me sentais fatiguée, à bout de forces, sale… Cela ne m’était jamais arrivée auparavant. Je reculais toujours le moment de consulter un·e docteur·e en me disant que ça allait s’arrêter, mais cela n’arrivait pas.

Je me suis finalement décidée à consulter une gynécologue qui m’a conseillée de changer de pilule, ce qui ne m’a pas enthousiasmée mais qui a eu l’effet de stopper le flux continu de mes règles et de re-régler mon cycle. Je prenais pourtant la même pilule depuis cinq ans et n’avais jamais eu de problèmes ! Elle ne m’a pas affirmé que le dérèglement provenait de la vaccination, mais moi, je peux affirmer que le vaccin à été l’élément déclencheur de cette perturbation dans mon corps. J’ai vu de nombreux témoignages sur Twitter, sur Instagram, de femmes qui, comme moi, se retrouvaient seules avec leur sang, seules dans l’incertitude de la cause de leur état. Les études sur les règles et plus généralement sur les maladies qui touchent les femmes existent peu et sont très peu menées. Comme le montre la récente reconnaissance de la maladie de l’endométriose qui cloue pourtant les femmes dans leur lit pendant la durée de leurs règles et peut causer une infertilité. Cette maladie existe depuis la nuit des temps, mais il y a encore très peu de diagnostics et de détections. La douleur des règles est jugée comme normale : « les règles ça fait mal et tu exagères voyons » !

Les moyens de contraception féminins comportent nombre d’effets secondaires. Les rares études concernant la contraception masculine sont quasi inexistantes et les seules qui sont réalisées parlent de moyens de contraception sans hormones, ni effets secondaires ! La contraception féminine pourtant découverte en 1956 ne montre pas d’améliorations quant au taux d’hormones (1) tandis que les pilules masculines qui se développent en ce moment, et qui devraient voir le jour dans cinq ans, réussissent à s’en passer ! Les droits des femmes sont fragiles comme le recul du droit à l’avortement dans plusieurs pays dont les USA. En France, il y a eu une longue mobilisation menée pour l’allongement du délai d’avortement à 14 semaines qui a été voté le 3 mars 2022 , actuellement il y a un combat pour faire accepter un arrêt maladie en cas de fausse couche. 

La détection et le traitement des maladies cardiaques chez les femmes montrent qu’elles ont deux fois moins de chances d’y survivre, selon la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC. Lors d’une formation de premier secours, les massages cardiaques sont effectués sur des corps d’homme  uniquement mais une femme n’a pas le même corps, bien que les mains doivent se placer au même endroit. Il se trouve que pour les femmes c’est entre les seins et il faut même couper les vêtements et le soutien gorge, ce qui n’est donc pas normalisé et vu comme une zone sexualisée qui ne doit pas être touchée. Beaucoup de personnes n’osent tout simplement pas, et s’abstiennent donc de réanimer. Depuis quelques mois, Marjolijn Rodenburg, infirmière aux Pays-Bas, a lancé l’expérience des mannequins à poitrine, espérons que les mentalités changent car le corps des femmes est méconnu, et reste le continent noir, comme dirait Freud.

Même chose pour les accidents de voiture, les tests sont réalisés à partir de mannequins masculins de référence. Les mannequins féminins sont conçus comme des modèles masculins réduits ne prenant pas en compte la spécificité des corps féminins. Selon une étude de l’Université de Virginie, les femmes auraient 73 % de chances de plus d’être blessées dans un accident de voiture par rapport aux hommes.

Les femmes ne se plaignent pas pour rien et il est temps de prendre en compte leurs plaintes, leurs considérations et revendications sur leur corps et leur santé. Il faudrait mener plus d’études sur la santé des femmes et oublier le stéréotype de la femme fragile dramatisant ses douleurs. Comme le disait, en 1974, Simone Veil dans son célèbre discours sur la législation de l’IVG : « Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme, je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes ».

Alors qu’aujourd’hui plus de femmes sont présentes à l’Assemblée et dans le corps médical, il est temps d’écouter les femmes et de faire en sorte qu’elles aient une prise en charge médicale correspondant à leurs choix et à leurs besoins.

Camille Goasduff 50-50 Magazine

1 Le taux d’hormone présent dans les pilules contraceptives présente de nombreux effets secondaires comme baisse de libido, montée d’acné, nausées, tensions mammaires, prise de poids, maux de têtes…

*Dans un souci de confidentialité, le prénom de la personne citée a été modifié.

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