Articles récents \ Culture \ Théâtre Y’a Pire : Comment rire de tout ?

Difficile de rire des problèmes d’argent, de maladie, d’addictions ? Défi réussi pour Coralie Mennella avec son premier spectacle en solo ! Cette pièce de théâtre intimiste qui se joue tous les mercredis, à 21h à la comédie des 3 bornes, offre aux spectatrices/spectateurs la possibilité de se reconnaître et de se laisser toucher par des récits de vie… Une heure et demie où caissière, sans abri, étudiante précaire, alcoolique partagent, pour une fois, le devant de la scène et nous parlent de leurs parcours, de leurs pensées et de leurs difficultés avec humour. Y’a pire nous propose un questionnement de la société à  travers l’histoire de 9 femmes. En voici une dixième avec Coralie Mennella qui nous livre le processus ayant mené à cette touchante réalisation.

Cette pièce de théâtre adresse-t-elle une sorte de critique à la société ? 

Tout à fait ! L’idée de dire “Il y a pire” c’était afin de permettre de relativiser. Je ne dirais pas forcément une critique, mais bien un récit réel que l’on n’ose pas forcément se dire. J’ai essayé de prendre mes propres angoisses et les idées qui me traversaient afin de les mettre en dialogue. Je me suis dit que c’était de ça dont j’avais envie de parler. Je me suis pas dit je vais taper sur la société avec ce spectacle, de fait je tape sur la société avec ce spectacle, mais bon la vie est nulle, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?

Les récits sont-ils issus de rencontres avec des femmes vivant ces situations ou sont-ils issus d’une expérience personnelle ?

Toutes les questions que je traite en lien avec l’argent c’est du vécu, bien sûr extrapolé parce que c’est du théâtre et qu’il faut prendre une distance ! Concernant la personne sans abri, la personnage est issue de discussions que j’ai pu avoir avec différentes sans-abris. Je  me suis imaginée que si un jour une sans-abri pouvait monter sur scène, elle dirait à peu près le texte de mon spectacle. J’espère ne pas être trop à côté de la vérité… Pour d’autres sujets, notamment l’alcoolisme, j’ai un proche qui a été addict à l’alcool très longtemps, donc j’ai voulu décortiquer la place de l’alcool au quotidien. La cigarette, c’est mon propre arrêt avec lequel je me suis marrée, je n’ai pas eu de cancer, tout le monde va bien ! En général, les récits proviennent de vécus qui ont été transformés pour faire jeu.

Pourquoi « Y’a pire » ? 

J’ai écrit « Y’a pire » à un moment de ma vie où j’avais envie de faire rire mais où je me sentais  hyper triste. J’ai donc listé tous les sujets qui m’angoissaient : l’alcool, l’argent, le cancer, les attentats, etc. Et je me suis dit que j’allais essayer de prendre chacun de ces sujets et tenter d’en tirer quelque chose de drôle ! Pour le titre “Y’a pire”, c’est parce que je me le dis tout le temps ! J’imagine ne pas être la seule !  

Pourquoi incarner seulement des femmes dans ce spectacle ? 

Parce que je suis une femme, je ne sais pas ce que c’est d’être un homme !  Si j’avais ce pouvoir de me dé-genrer, j’aurais peut-être donné aussi la parole à des mecs, mais je ne sais pas ce que ressent un homme aujourd’hui dans la société. Et puis on est bien entre femmes, non ?

Peut-on attendre Coralie Mennella sur un prochain solo ? 

Pour l’instant je souhaite surtout développer Y’à Pire et faire en sorte qu’il se joue dans les meilleures conditions possibles. J’ai envie de parler de plein d’autres choses, qui mèneront sûrement à une écriture !

Propos recueillis par Camille Goasduff 50-50 Magazine

Comédie des 3 Bornes : 32 Rue des 3 bornes, 75011 Paris 

 

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