Articles récents \ DOSSIERS \ L’Algérie au féminin Hasna El Bacharia, l’icône du Gnawa au féminin

Hasna El Bacharia se distingue comme l’une des figures précurseuses du style musical Gnawa, une musique originellement dominée par la genre masculine. Originaire de Bechar en Algérie, elle vit le jour en 1950 et fut rapidement immergée dans l’atmosphère culturelle gnawa qui prédominait au sein de sa famille. Bien que son père maniait le guembri (instrument à corde Gnawi) de manière experte, il n’a jamais approuvé le choix de Hasna El Bacharia de devenir musicienne. Malgré les tabous culturels pesants et grâce à son oreille musicale affinée, elle s’est initiée à l’art de la musique Gnawi et a débuté sa carrière en se produisant lors de cérémonies de mariage pour finalement briller sur les scènes internationales.

Hasna El Bacharia est une artiste chevronnée avec une carrière de plus de trois décennies à son actif. Acclamée par ses pairs et son public pour son engagement et son talent, ses textes accompagnés de son guembri exposent au monde une douceur subversive. Elle née à Béchar en Algérie d’une mère algérienne et d’un père marocain. Avec son album « Djazair Djohara » sorti en 2002, elle rend un
hommage vibrant à son pays d’origine, l’Algérie où elle fusionne habilement le sacré et le profane dans un ensemble sonore riche et captivant.

Maîtrisant plusieurs instruments tels que la guitare électrique, le luth, le banjo et surtout le guembri,
Hasna El Bacharia incarne l’essence même de l’éclectisme musical. Baignée dans la musique depuis son enfance, elle se lance dans la musique dans un premier temps aux côtés de ses amies, avec lequelles elle forme un groupe de musique qui connaîtra un succès fulgurant dans les festivités de mariage à Béchar, où elles se produisent pour un public exclusivement féminin. En 1976, leur talent les propulse sur le devant de la scène lors d’un concert d’envergure organisé à Béchar par l’Union Nationale des Femmes Algériennes (UNFA). Son rayonnement dépasse rapidement les frontières algériennes, et en janvier 1999, Hasna El Bacharia s’envole pour Paris, à l’invitation du Cabaret Sauvage, dans le cadre prestigieux du festival Femmes d’Algérie.

Sous la houlette de Kamel Zekri, elle réalise un premier album, avant de se produire avec succès lors de nombreux festivals de musiques du monde en Algérie, en France, au Maroc, au Portugal et en Égypte. Sa collaboration avec le musicien napolitain Eugenio Bennato l’emmène aux quatre coins du monde, des scènes italiennes aux soirées cairote, vivifiant son art aux influences multiculturelles.
En 2004, Hasna El Bacharia retrouve ses terres natales pour y enflammer de nouveau les scènes musicales algériennes. Intégrant par la suite la troupe musicale « Lemma Becharia », dirigée par Souad Asla, elle participe à une création artistique inédite, revisitant avec douze artistes féminines le riche répertoire musical de la Saoura qui se trouve être une région désertique algérienne constituant la limite Ouest du Grand Erg occidental.

En 2011, Hasna El Bacharia rencontre Sara Nacer, productrice et réalisatrice. Sous le charme de l’authenticité de Hasna, Sara confie “Hasna El Bacharia est une incone qui mérite d’être célébrée de son vivant”. Elle pose ses caméras quand elle l’a produit pour la première fois en 2013 pour sa tournée à Montréal et près de dix ans plus tard sort Hasna El Bacharia, la rockeuse du désert, un documentaire. Elle y dépeint, dans un portrait saisissant et intime, Hasna El Becharia, figure emblématique de l’art gnawa au féminin qui incarne à elle seule la force et la singularité de toute une culture. En brisant les préjugés et en s’imposant comme une pionnière, elle inspire non seulement les femmes de tous horizons, mais redéfinit  également le rôle des femmes en Algérie, défiant ainsi les normes établies. Primé entre autres au festival Vues d’Afrique et au San Francisco Arab Film Festival en 2022, le documentaire continue de faire parler de lui et sera prochainement projeté le 31 mars à Alger et le 3 avril prochain à Oran. Sara Nacer garde un souvenir très ému de ces dix années passés près de Hasna et déclare : “Je retiens de cette formidable expérience humaine que Hasna est une artiste à part entière avec une personnalité hors norme. Elle a du caractère et cela s’est avéré très utile durant les moments où le doute s’est installé à cause des difficultés techniques qu’on a rencontré pour réaliser le film. Hasna est une inspiration pour moi et pour beaucoup. »

Sonia Gassemi 50-50 Magazine

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