Société Viol : la honte doit changer de camp
Trois associations lancent aujourd’hui un manifeste et une campagne nationale contre le viol avec pour slogan « La honte doit changer de camp ».
Osez le féminisme, Mix Cité et le Collectif féministe contre le viol se sont regroupés pour sensibiliser l’opinion publique sur le viol. Une vingtaine d’associations féministes soutiennent la campagne. Elles sont toutes membres du collectif Grande cause nationale 2010 : lutte contre les violences faites aux femmes.
Sur le modèle du « Manifeste des 343 salopes » (1) , le manifeste est signé par des femmes qui reconnaissent avoir été violées ou qu’elles pourraient l’être. Au total aujourd’hui plus de cent vingt personnalités dont Zabou Breitman, Françoise Héritier, Michelle Perrot, Muriel Robin, Olivia Ruiz et Coline Serreau ont apporté leur soutien à la campagne.
Toutes et tous sont invitÉes à signer la pétition sur le site contre le viol (2)
Le viol encore tabou en France
Pour Samira Ouardi, de Mix Cité, « Le viol reste une question tabou en France ». Il est urgent de faire changer le sentiment de honte vécu par de nombreuses femmes, qui les conduit à se sentir responsables et non victimes, et les empêchent de porter plainte. « Il y a toujours des difficultés à faire reconnaître que le viol existe, mais aussi qu’on peut le combattre » ajoute Marie-France Casalis du Collectif féministe contre le viol.
La campagne vise à dénoncer ces crimes qui n’ont rien de « naturels », mais sont le résultat d’une société où s’exerce la domination des hommes sur les femmes.
Des idées reçues sur le viol et des réponses
La campagne veut apporter des réponses à un grand nombre d’idées reçues.
Le viol est un phénomène marginal: 75 000 viols au moins sont commis chaque année.
Le viol est commis par un inconnu dans une rue sombre: dans 8 cas sur 10 la victime connaît son violeur
Le viol est commis sur des filles provocantes: il concerne des femmes d’âge, d’apparence, d’origine sociale très diverses.
Les femmes ont toutes envie qu’on les force : une relation sexuelle doit être consentie par les deux partenaires autrement ce n’est plus une relation mais un viol. La femme n’est pas sexuellement passive, quand elle dit non, c’est non .
Le viol est le résultat de la misère sexuelle: alors pourquoi les femmes qui n’ont pas de vie sexuelle ne violent-elles pas les hommes ?
Le viol est provoqué par la testostérone: le désir «irrépressible » des hommes est un stéréotype qui justifie les violences faites aux femmes et le contrôle de la sexualité des femmes.
Les violeurs sont tous des psychopathes: toutes les enquêtes montrent qu’il n’y a pas de profil-type de violeur.
Les violeurs sont tous sévèrement condamnés: moins de 2 % des violeurs sont condamnés car, de fait, moins de 10% des victimes portent plainte.
Les hommes sont victimes de viol : les victimes sont des hommes dans 1 cas sur 10.
Le viol est un drame individuel: si le viol est effectivement un drame individuel, il est surtout le problème d’une société sexiste qu’il est possible de changer.
(1) Dans ce manifeste, 343 femmes, dont de nombreuses personnalités comme Simone de Beauvoir, Françoise Sagan ou Bernadette Lafont affirmaient avoir subi un avortement, alors interdit en France. Le manifeste des 343 salopes est paru le 5 avril 1971 dans le Nouvel Observateur
Caroline Flepp ÉGALITÉ