Culture Les tragédiennes de l’Opéra, déesses et esclaves de leur art

Geneviève Vix dans le rôle-titre de Salomé de Richard Strauss, Palais Garnier, 1926.

Diva signifie déesse, divine, en italien. Un mot juste, qui dit bien le statut des cantatrices pour les compositeurs et le public, aux grandes heures de l’Opéra Garnier, temple de l’art lyrique.

A travers des photographies, des bijoux, des maquettes de costumes et documents sonores, l’Opéra de Paris et la Bibliothèque nationale de France ont choisi de ressusciter au palais Garnier ces personnages féminins.

Deux dates ont été choisies par Christophe Ghristi, commissaire de l’exposition « Les tragédiennes de l’Opéra (1875-1939) » et directeur de la dramaturgie à l’Opéra national de Paris : 1875, date de l’inauguration de l’Opéra Garnier, 1939 celle de la réunion des théâtres lyriques nationaux.

Entre ces deux dates, passage d’un siècle à l’autre, l’art lyrique vivait son âge d’or et ces femmes d’exception subjuguaient public et compositeurs.

Lucienne Bréval, soprano dramatique suisse, débuta à l’Opéra de Paris avec le rôle de Selika, dans L’Africaine, de Meyerbeer, et y connut une carrière de plus de trente ans. D’une grande beauté gestuelle qui charmait les esprits, elle avait un talent et une voix pour interpréter les héroïnes wagnériennes. L’un de ses meilleurs rôles fut ainsi Brunnhilde dans La Walkyrie.

Grande cantatrice française soprano, Emma Calvé, fut connue pour son rôle dans Carmen, de Bizet, qu’elle interpréta plus de mille fois. Célèbre dans le monde entier, c’était une vraie reine à la personnalité dynamique et passionnée.

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Mary Garden, la soprano écossaise, excellait dans le répertoire français dont elle maîtrise parfaitement la langue. Elle dirigea l’Opéra de Chicago pendant plusieurs années.

Gabrielle Krauss, muse germanique, à l’allure héroïque, était adulée par les professionnels et le public, qui applaudissait une voix sublime et singulière, mais aussi un style admirable. Elle fut la merveilleuse interprète de Fidelio de Beethoven. Les journaux de l’époque acclamaient la cantatrice comme l’artiste la plus complète et la plus inspirée.

Mais, malgré les caprices si célèbres des divas, comme en témoigne la reconstitution de la loge de Fanny Heldy, les tragédiennes de l’Opéra étaient avant tout esclaves de leur art. Voix exceptionnelles, précision absolue du geste, magnétisme sur scène, leur travail n’a d’égale que leur noblesse.

Rose Caron, Gabrielle Krauss, Sybil Sanderson, Lucienne Bréval, puis Aino Ackté, Emma Calvé ou Mary Garden… Autant de noms, de visages graves, de poses outrées, de personnages charismatiques à (re)découvrir, le temps d’une exposition, à l’époque où le phonographe grésillait et où le cinéma s’inventait.

Tragédiennes de l’Opéra (1875-1939)
Bibliothèque-musée de l’Opéra
Palais Garnier
Jusqu’au 25 septembre 2011
Tous les jours : de 10h à 18h

Virginie Baldeschi – EGALITE

Photo : Geneviève Vix dans le rôle-titre de Salomé de Richard Strauss, Palais Garnier, 1926.

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