Biennale de l'égalité en Bretagne Et si l’on apprenait à écrire ingénieurE !
—
—
En France, c’est bien connu, les filles ne font pas de carrière scientifique. Allez savoir pourquoi ! En tout cas, Valérie Derrien-Remeur le constate, sur les 1700 élèves que compte l’Insa de Rennes (1) seulement « 25% sont des étudiantes ». Une bonne raison pour la directrice du département des humanités de « la plus grande école publique d’ingénieur-e-s de France » de participer à la 3e Biennale de l’égalité femmes et hommes de la région Bretagne.
« Notre présence à la Biennale est très importante pour nous, explique-t-elle. Elle va nous permettre de démythifier l’image de l’étudiant ingénieur, un peu geek (2), un peu boutonneux, et de montrer qu’il y a des filles dans les écoles d’ingénieur-e-s. »
L’occasion aussi – et surtout – de susciter la réflexion des étudiant-e-s de l’Insa en amont de l’événement. Depuis la rentrée, environ 150 élèves de première année planchent sur les questions d’égalité. Ils-elles présenteront sur le stand de l’école des posters réalisés sur différents sujets comme les droits des femmes en Tunisie, le droit de vote des femmes en Arabie Saoudite, ou encore la place des femmes dans le sport.
D’autres élèves de deuxième et troisième année ont monté un spectacle, « une sorte d’allégorie de l’émancipation des femmes via la connaissance » (3), ou réalisé des interviews radio sur les représentations de genre et l’insertion des femmes dans la société. D’autres encore ont profité de leurs cours de langue pour s’interroger sur la place des femmes dans les différents pays représentés à l’école – Maroc, Tunisie, Chine, Mexique… – et dresser les portraits de femmes scientifiques.
Un enrichissement pour les élèves
Pour Valérie Derrien-Remeur, la Biennale va aussi enrichir les enseignements dits d’humanité qu’elle dispense aux étudiant-e-s de l’Insa. Ces 20% d’enseignements obligatoires visent à permettre aux futur-e-s professionnel-le-s de s’insérer plus facilement dans le monde du travail et dans la société tout court, à travers des disciplines comme la communication, les langues, l’éducation physique et sportive ou l’économie.
« L’essentiel de leur profession va consister à s’étonner pour pourvoir trouver des solutions techniques adéquates, argumente-t-elle. Je leur montre que cela fait partie de leur travail de dire que rien ne va de soi ». Et notamment que concevoir le métier d’ingénieur au féminin ne va pas de soi. « J’aimerais qu’on écrive le mot ingénieur avec un « e » entre parenthèses, parce que ça change tout ! Avant il m’arrivait aussi de l’oublier, mais j’ai constaté qu’en le faisant, la perception que l’on donne du métier est modifiée.
« Préparer la Biennale m’a permis de me rendre compte que les inégalités sont partout autour de nous », dit encore l’enseignante. Les étudiant-e-s de l’Insa le reconnaissent : les images sexistes sur les affiches pour annoncer la soirée festive du jeudi ne les surprennent plus. Les élèves disent « on devrait peut-être réagir», mais laissent faire… « Sans doute parce que les filles de l’Insa sont bien intégrées, suivent les mêmes cours que les garçons et partagent le même campus. »
Une culture de la solidarité existe à l’Insa et les associations de toutes sortes fleurissent. Mais tout de même, note Valérie Derrien-Demeur, « s’ils-elles sont tous-tes très impliqué-e-s dans la vie associative, les présidents des associations restent des garçons ! ».
Geneviève Roy – EGALITE
(1) Institut national des sciences appliquées – il en existe quatre autres en France à Rouen, Toulouse, Strasbourg et Lyon.
(2) Terme employé pour désigner un jeune – généralement un garçon – passionné d’informatique, de nouvelles technologies, de l’univers fantastique de certains jeux vidéos et jeux de rôles.
(3) Le Mystère du chiffre, nouvelle de Bernard Werber, adaptée par les élèves de l’Insa de Rennes, sera présentée à Saint-Malo le vendredi 9 décembre.
—