Chroniques Le coup de griffe de la panthère : Politique française, foi et IVG, vues du Texas

Sur le mur du salon de coiffure, l’écran de télévision diffuse des publicités criardes et hurlantes. Pour tromper son ennui et parce que mon accent étranger l’intrigue, ma voisine m’entreprend.

De fil en aiguille rapidement tirés, je lui apprends que je suis française, ce qui lui permet de m’interroger sur l’élection présidentielle. En vraie professionnelle, j’explique le scrutin à deux tours et l’alternance politique qui nous attend au bout de la semaine.

« Alors il y a aura encore plus d’avortements en France ? », me demande-t-elle avec inquiétude. « Ce qui compte le plus pour moi, ajoute-t-elle, c’est la foi ».
Je lui explique que pour moi aussi, la foi est très importante. La foi dans la justice, dans l’égalité, dans le progrès social, dans la liberté… La foi en l’être humain. Dans ce que nous pouvons faire tous et toutes ensemble parce que nous avons des valeurs qui nous font avancer, ensemble.

La dame est sceptique et me reproche une fois de plus d’encourager, avec mes amis politiques, les avortements.

Je respire un grand coup et lui redis que l’avortement s’impose lorsqu’une femme ne pense pas pouvoir élever l’enfant qu’elle attend, qu’elle peut et doit avoir le choix. Qu’il permet aux femmes de ne pas être prisonnières de leur identité sexuelle, de ne pas subir la maternité lorsqu’elles n’en veulent pas. Et que mes amis progressistes ont bien d’autres bien objectifs encore pour assurer l’égalité et le progrès social.

La dame républicaine est polie. Je la dérange, je l’inquiète vaguement, mais elle se retient de m’agresser. J’en profite pour lui glisser que le nouveau président – que nous allons sans nul doute élire – permettra aux femmes d’avancer sur le chemin de l’égalité.

La dame me dit qu’il faut qu’elle en parle à son mari, qui est toujours de très bon conseil. Je lui dis de lui dire qu’en France, bientôt, parce que nous l’espérons, parce que nous le voulons, parce que nous y veillerons, il y aura un poids, une mesure pour les deux sexes. Quoi d’autre ?

Danielle Michel-Chich

print