Culture Culture et parité : le changement ce n’est pas pour maintenant !

Rideau sur une scène de théâtre

Rideau sur une scène de théâtre

Rideau sur une scène de théâtre © Flickr/CC/Daskerst

Le 6 mai au Sénat, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) réunissait des artistes du spectacle vivant pour réfléchir autour la question « Culture et parité : le changement c’est maintenant ? ».

Marie-Christine Blandin, sénatrice EELV et présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, présidait la réunion, précisant que « la politique n’a pas de leçons à donner sur la question de la parité » au monde de la culture étant donné la faible féminisation du Parlement.

A ses côtés, Sophie Deschamps, scénariste et présidente de la SACD, Muriel Mayette, comédienne et administratrice de la Comédie française depuis 2006, la comédienne, scénariste et réalisatrice Denise Chalem, et la cheffe d’orchestre Laurence Equilbey se relayaient pour confier leurs expériences et leurs combats dans un milieu largement dominé par les hommes.

Blandine Pelissier une des fondatrices de H/F Ile-de-France, égalité hommes-femmes dans l’art et la culture, a profité de l’occasion pour présenter le mouvement H/F et sa fédération inter-régionale, qui regroupe huit collectifs et associations. En 2010, la SACD avait réalisé pour l’association une étude sexuée sur ses auteur-e-s.

81,5 % d’hommes aux postes dirigeants de l’administration culturelle

Plusieurs rapports, dont celui commandé par Laurence Equilbey en 2011 et ceux de Reine Prat (2006 et 2009), ont été mis en exergue afin d’illustrer la triste réalité : trop peu de femmes dans la culture, que ce soit dans les programmations artistiques ou dans les postes à responsabilité.

Ainsi en 2011, 81,5% des postes dirigeants de l’administration culturelle étaient occupés par des hommes : 75% des théâtres nationaux, 96% des opéras, 70% des centres chorégraphiques nationaux, 85% des centres dramatiques nationaux. Par ailleurs, 95 % des concerts étaient dirigés par des hommes, 85% des textes joués étaient issus d’auteurs masculins et mis en scène à 78 % par des hommes.

Mais le problème ne réside pas seulement au niveau des hautes responsabilités puisqu’on ne compte qu’un tiers de comédiennes dans les théâtres publics et seulement 13% de techniciennes.

L’arbre qui cache la forêt…

Face à ce constat désolant, la SACD considère que des mesures urgentes doivent être par le ministère de la Culture. Pour Laurence Equilbey, la culture « doit être un modèle et montrer la voie en matière de mixité ».

La cheffe d’orchestre propose d’ailleurs d’instaurer une charte pour la parité dans les établissements culturels subventionnés. Dans le but d’amener chacun et chacune à prendre conscience que le travail d’une femme est aussi bon que celui d’un homme.

L’annonce de la programmation du théâtre de l’Odéon pour la saison 2012-2013 a ainsi vivement été critiquée, puisque Luc Bondy, son directeur, n’a visiblement pas pensé à sélectionner des auteures et metteures en scène.

Si Laurence Equilbey pense que la loi de la parité ne peut être instaurée dans le domaine artistique et que les quotas ne sont pas une bonne idée, d’autres comme Sophie Deschamps pensent qu’ils constitueraient un « levier » à mettre en place pendant quelques années afin de rendre banal l’accession des femmes aux postes de direction.

A ce propos, l’administratrice de la Comédie française Muriel Mayette témoigne : « Je suis l’arbre qui cache la forêt ! Et être à un poste de pouvoir n’est pas de tout repos. J’ai l’impression de toujours devoir justifier ma légitimité. »

La SACD espère être entendue notamment par les ministères des Droits des femmes et de la Culture, afin que les deux ministres femmes aient « à cœur de favoriser l’accès des femmes aux postes de responsabilité dans la culture et le spectacle vivant et d’améliorer l’égalité entre les hommes et les femmes ».

M C – EGALITE

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