Chroniques Défilé du 14-Juillet, le rêve de la panthère

A voir, pour le 14-Juillet, tous ces militaires défiler sur les Champs-Elysées, la poitrine bardée de médailles clinquantes, avec leurs beaux uniformes, leurs engins flambants neufs et leurs drapeaux au vent, et juste quelques femmes parsemant de-ci de-là des bataillons si masculins, je me suis prise à rêver.

Et si ce défilé de beaux guerriers avait fait son temps ? Immuable au fil des années, avec pour seules variantes l’ordre de passage et la couleur des engins terrestres et aériens.

« Le défilé célèbre la fête de la République », nous dit-t-on en hauts lieux. « Les valeurs dont elle est fière : liberté, égalité, fraternité ». Pour les hommes, sans doute. Pour les femmes, cela reste à prouver !

La liberté(e), elles doivent la surveiller comme le lait sur le feu, au jour le jour.
L’égalité(e), c’est leur cheval de bataille qui avance… au pas.
La fraternité(e) / sororité(e) seule assiste tous leurs combats, petits et grands.

Combats… Défilé… Nous y revoilà !

Et si elles défilaient, ces femmes, qui elles aussi incarnent les valeurs de la République ? Les femmes médecins, les caissières, les infirmières, les enseignantes, les chercheuses. Toutes ces hussardes méconnues d’une Ve République vieillissante.

Elles en auraient de l’allure ! Elles en symboliseraient des valeurs ! Le soin, l’assistance, la transmission, la recherche, les services, l’amélioration du quotidien au quotidien. Toutes ces notions que l’on évoque avec un sourire condescendant, mais sur lesquelles repose jour après jour le fonctionnement de la société.

Des femmes normales qui descendraient les Champs-Elysées en blouses blanches, roses ou bleues, pour arriver par corps de métier jusqu’à la tribune officielle où un Président grave et souriant à la fois les congratulerait pour leur dire le respect, l’admiration, la reconnaissance d’un Etat dépoussiérant enfin les pendules de ces temps qui doivent changer.

Les officiers et sous-officiers de tous les corps d’armées seraient alors les spectateurs attentifs et bienveillants de cette armée civile pour une fois sortie de l’ombre.

Et si parfois, par la force seule de leur récurrence, les rêves devenaient réalité ?

Danielle Michel-Chich

print