Cinéma « Le Prolongement de moi », l’amour maternel en question


Quel est le sujet du Prolongement de moi ?

Le sujet tourne autour d’une jeune mère, Helena, qui a des difficultés à éprouver des sentiments pour son petit garçon. Je raconte un bout de son histoire à travers son quotidien. Il s’agit de moments de tous les jours où on la voit évoluer dans son univers. Ses proches sentent un malaise mais ne peuvent pas imaginer ce qui se cache vraiment sous ce mal-être… C’est une femme qui n’arrive pas à jouer complètement son rôle de mère. Ou du moins à s’épanouir dans celui-ci.

Pourquoi aborder cette question délicate ?

J’aime faire mal, là où ça fait mal. Le désamour d’une mère pour son enfant est un sujet tabou en France. Il est temps de le lever… Ce que je sais c’est qu’il est important pour moi de traiter le sujet de façon la plus sobre possible. Je ne veux faire d’Helena ni une folle ni une femme perdue ou une mauvaise mère. Mon personnage est une femme comme une autre, qui concilie travail, amour et famille dans une époque difficile où chacun se concentre sur son « moi ». Helena tente de faire comme elle peut avec ce que l’on lui a appris …

Connaissez-vous des femmes qui ressemblent à votre héroïne ?

J’ai rencontré il y a quelques années une comédienne qui m’avait confié n’avoir aucune affinité avec sa fille. Elle exprimait un fait, sans émotion, ni douleur apparente. D’ailleurs, je l’avais longtemps pensé sans enfant … Et puis, je vous ai dit il s’agit « d’une femme comme une autre », Helena ce peut être vous, elle ou l’autre. La voisine que l’on croise dans les escaliers, l’institutrice qui consacre sa vie aux enfants, votre boulangère … Elles se taisent parce que la société ne peut pas entendre un « je n’aime pas mon enfant ».

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Qui sont vos acteurs et actrices ?

Lorène Devienne tient le rôle principal, elle interprète Helena. C’est une comédienne très intuitive. Je l’ai rencontrée par l’intermédiaire de Frédéric Gorny, qui joue le rôle d’Antoine, le père de l’enfant. Frédéric a beaucoup apporté au projet. Il s’est beaucoup impliqué. Et je l’en remercie. Ils sont entourés de comédiens talentueux qui défendent chacun leur texte. En tête, la chanteuse Marie France, qui joue sa mère, Béatrice de Staël héroïne des films de Valerie Donzelli, Dominique Frot, et Olivier Nicklaus…. Chacun des comédiens a une identité et un univers très singuliers, ils apportent au film un étonnant mélange de caractères.

Quelles ont été leurs réactions à la lecture du scénario ?

Je pense que le texte a donné envie aux comédiens d’entrer dans l’aventure et d’y mettre leur patte. Le sujet, forcément, interpelle … Mais il y a aussi un vrai défi. Celui de donner de l’épaisseur à son personnage en quelques minutes. L’exercice est compliqué, mais motivant.

Combien de temps vous a t-il fallu pour développer ce projet ?

Entre l’écriture et la fin du montage, environ deux ans. C’est beaucoup de travail. C’est un projet auto-produit par choix. Je voulais conserver ma liberté. J’ai réussi à collecter un peu d’argent par l’intermédiaire du site Ulule en invitant les internautes à contribuer. Et puis tout le monde a travaillé bénévolement. J’ai eu beaucoup de chance d’être entouré de personnes très investies dans le projet qui m’ont aidé à le réaliser. Durant les six jours de tournage, il y a eu des moments forts en émotion, du rire, des angoisses, des craintes. Je suis passé par tous les stades ! Je remercie tous mes complices pour leur travail.

Comment vous sentez-vous à quelques jours de la diffusion du film ?

Serein. Je sais que le sujet va interpeller, et que forcement il y aura de vives réactions. Je me prépare à recevoir les critiques ! (Rires) Et puis, il y a le travail tout autour qui me rassure. Nous offrons au public un film de qualité. J’espère simplement que la rencontre se fera et dans les meilleures conditions. Et puis, je compte sur tout le monde pour parler du film ! L’aventure se vit toutes et tous ensemble !

Propos recueillis par Caroline Flepp — EGALITE

Article du 4 avril 2012 actualisé.

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