Cinéma Bouleversante « Rebelle »

Elle s’appelle Komona. Elle est une de ces enfants soldats que l’on rencontre en Afrique. En Afrique ? Pas seulement, puisque aujourd’hui  plusieurs centaines de milliers d’enfants de moins de 18 ans sont  enrôlés dans des conflits qui vont de la Colombie au Sri Lanka en passant par le Nigeria ou les Philippines…

Le film canadien « Rebelle », qui est sorti fin novembre en France, a été tourné en République Démocratique du Congo, là où, depuis quinze ans, un conflit  inextricable a tué plus de cinq millions de personnes dans l’indifférence de la planète. Mais le pays n’est jamais nommé car il s’agit bien d’une fable universelle dans laquelle beaucoup pourront reconnaître leur triste histoire.

Elle-même enfant des rues, la jeune Rachel Mwanza, qui interprète l’héroïne, a le visage boudeur de l’adolescente inachevée, le regard sombre de la jeune femme trop tôt sortie de l’enfance. Auréolée de l’ours d’argent de la Meilleure Actrice lors du dernier festival de Berlin, elle est venue avec le réalisateur, Kim Nguyen, présenter son film à Paris lors d’une soirée organisée avec le soutien d’Amnesty International. Timide, elle parle peu et laisse l’association expliquer l’importance du film « La question des enfants soldats est hélas toujours d’actualité et nous profitons de ce beau film pour la dénoncer », explique son représentant ; « la lutte contre ce phénomène est primordiale car il s’agit de droit des enfants mais aussi de droits humains en général. Il faut donc lutter contre l’impunité de ceux qui les recrutent, et mieux contrôler le commerce des armes ».

Mélangeant histoire vraie et rêve, témoignage et fiction, « Rebelle » est un film qui interpelle et séduit. La violence l’enrobe sans jamais repousser le spectateur, et l’on se prend d’amitié pour l’histoire désespérée de cette toute jeune fille, pour sa façon d’être forte sans trop le savoir et d’accepter l’amitié, puis l’amour de son jeune compagnon d’armes. On la quitte tout en gardant au cœur cette histoire dont on devinait qu’elle finirait, comme elle avait commencé, très mal. Mais dont on espère que l’enfant à naître vivra des épisodes moins dramatiques.

Moïra Sauvage

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