Politique Guy Geoffroy, député UMP : Najat Vallaud-Belkacem peut compter sur moi sur la question de la prostitution.
Vous définissez vous comme féministe ?
Tout d’abord, je me pose la question de ce qu’est le féminisme. Si le féminisme est un mouvement de revendication des femmes pour les femmes, je ne le suis pas. Mais si le féminisme est la forme actualisée d’une démarche visant à faire reconnaître l’égalité, la dignité entre chaque personne, à faire progresser la cause de l’égalité entre les femmes et les hommes, alors oui je suis féministe.
J’ai été sollicité par Jean-Marc Ayrault pour faire partie du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Je pense important qu’un homme député de la nouvelle opposition soit à ce poste.
Dialoguer vous avec les hommes de votre parti sur les questions d’égalité femmes/hommes ?
Je travaille depuis plusieurs années sur le sujet des violences. Je suis connu comme le porte-parole de mon groupe sur cette thématique. On a fait ainsi tout un travail concernant la loi sur les violences faites aux femmes. La loi du 9 juillet 2010 est le fruit d’une vraie volonté de mon groupe.
De même, j’ai reçu le plein accord de mon groupe pour travailler sur le chantier de la prostitution.
Vous avez été rapporteur de la mission d’informations sur la prostitution, quelle est votre position sur ce sujet ?
Notre pays est abolitionniste depuis 1959. Il existe aujourd’hui une réelle volonté de faire vivre cette position. La véritable question est « comment fait-on pour que l’abolition devienne une réalité ? ».
La prostitution n’est pas naturelle dans une société. Savez-vous qu’étymologiquement la prostitution signifie avilissement ?
Le pacte abolitionniste ne passe pas par la stigmatisation de la personne prostituée.
Le problème est la schizophrénie des Etats abolitionnistes. La main sur le cœur, ils se disent tous contre la traite des êtres humains mais ne font rien contre la prostitution.
Lorsque je parle d’abolition, je parle au nom de morale républicaine, d’éthique égalitaire entre les femmes et les hommes.
Aucune personne prostituée n’est libre qu’elle soit en France ou ailleurs dans le monde, enfermée ou dans la rue.
Najat Vallaud-Belkacem peut compter sur moi sur cette question de la prostitution.
Connaissez-vous ces hommes qui luttent contre la prostitution comme le collectif zero macho ?
Oui je les connais et je les apprécie beaucoup.
Mais par contre, quand j’entends d’autres hommes comme Philippe Caubere ou le chanteur Antoine s’exprimer sur le sujet, je suis ébahi. Antoine prétend lutter contre les dogmes, mais il n’a pas le droit de véhiculer ‘n’importe quoi sans connaissance de cause.
Il faut accompagner les personnes prostituées, et il faut agir sur la demande des clients, les sensibiliser, les responsabiliser. Il faut que les clients sachent qu’ils donnent leur argent à des réseaux mafieux.
Quelle est votre position sur le mariage pour toutes et tous ?
Tout d’abord je pense qu’il faut créer des outils de lutte contre les discriminations. Notre pays n’a pas le droit de laisser prospérer des discriminations sexuelles.
Cette urgence ne doit pas aboutir à la négation de ce qu’est la famille. Je ne suis pas sûr que j’aurais voté le PACS, Mais le PACS n’a pas bouleversé la société.
Il ne faut pas élargir le mariage mais le transformer. Il ne faut pas aller vers l’irréparable trop vite, il faudrait encore une année de débats. Il revient au peuple de se prononcer par référendum. Je trouve ahurissante la clause de conscience qu’avait proposé François Hollande. La loi votée, il y aurait donc eu une dérogation pour ne pas l’appliquer.
Une loi existe depuis 2000 sur la parité en politique et les partis préfèrent payer plutôt que l’appliquer, et en premier lieu l’UMP, qu’en pensez-vous ?
Quand les partis sont pénalisés c’est parce que les électeurs en ont décidé ainsi.
Je rappelle que c’était plus facile pour le PS, qui allait gagner les législatives, d’injecter une dose forte de candidates femmes.
Pour moi, c’est le scrutin de liste qui fait la parité.
Mais sur la parité, il faut être tenace. Le mouvement est engagé, irréversible. Je suis député depuis 2002 et j’observe que le nombre de mes collègues femmes n’a cessé d’augmenter.
En France, le chemin est toujours tortueux. Notre pays aime déroger aux grands principes qu’il met lui-même en place.
Propos recueillis par Caroline Flepp