Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes \ Monde Lettre d'une Iranienne de 10 ans au Président de la République islamique d'Iran

Monsieur le Président,
Je suis Rihaneh Moussavi. Une fille de dix ans et j’habite en Iran. Je vous écrit cette lettre le 8 mars, la journée internationale des femmes.
A l’école, on ne m’a jamais parlé de cette journée alors qu’elle existe depuis 110 ans. Et la plupart de mes amies ne connaissent pas cette histoire. Ma mère m’a expliqué comment cette journée est devenue la journée internationale des femmes.
Monsieur le Président, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai vu ma mère et toutes les femmes de mon pays avec le tchador ou le voile. Moi-même j’étais obligée, à l’école maternelle, de porter le voile. Cela était très dur pour moi.
Tandis qu’à travers la télévision iranienne je suis témoin de femmes qui ne portent pas le voile, des femmes épanouies, libres, Présidente, Première Ministre, médecin, ingénieure. Ces femmes sont libres de s’habiller comme elles veulent dans leur société. Je vois tous les jours ces filles et ces femmes libres.
De nombreuses fois je me demande quelle est la différence entre ma mère, moi, les femmes iraniennes et ces femmes ? Pourquoi nous permet-on de constater la liberté des femmes dans les autres pays alors que la même liberté pour nous est déclarée comme un péché ?
Depuis que j’ai eu mes 9 ans l’année dernière, on m’a dit qu’à l’extérieur il faut que je me voile. Monsieur le Président, j’ai une question. Je voudrais savoir si on vous obligeait depuis tout petit à vous voiler, que feriez-vous ? Moi en tant que fille et être humain, je sais qu’il faut respecter les lois et les mœurs de ma société. Mais je m’excuse, il faut que je vous dise, le voile obligatoire est une mauvaise loi. Et moi je ne respecte pas cette mauvaise loi.
Je vous assure que moi et toutes les femmes iraniennes nous avons un comportement digne d’un être humain. Votre loi sur le voile ne garantit pas ce comportement. C’est notre éducation et notre culture qui nous apprend ce comportement humain.
Je vous prie d’étudier ce sujet. Ne nous privez plus moi, ma mère et toutes les femmes iraniennes de notre droit élémentaire.
Monsieur le Président, cette lettre c’est ma première lettre et demande à vous. Si vous ne tenez pas compte de ma demande, attendez-vous à d’autres lettres de ma part.
Je vous remercie de votre attention.
Rihaneh Moussavi
08 mars
2018
 
Traduction Ana Pak
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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