Articles récents \ France \ Politique Women7 au G7 à Biarritz et contre G7 à Irun/Hendaye: l’heure des bilans

Des résultats mitigés pour les avancées des droits des femmes dans le monde. Des mots, encore des mots, celui de féminisme, à l’honneur cette année dans le G7 et le contre G7. Tout le monde se dit féministe de nos jours à commencer par Emmanuel Macron qui s’est proclamé champion de la cause dès le début de son quinquennat. Certain.es l’ont cru, puis les budgets de nombre d’associations ont été réduits. Ce constat a amené, à juste titre, la défiance de plusieurs associations féministes à son égard, c’est pourquoi certaines ont préféré se rallier au contre Sommet plutôt que de faire partie des associations féministes officielles du G7.

Le contre G7 a introduit les problématiques féministes au cœur du débat. La commission genre d’Attac, Action Aid et Adequations ont organisé la journée de colloques féministes « le féminisme pour changer de cap » le 22 août à Irun où de nombreuses associations ont pu s’exprimer.

Des recommandations concrètes pour des changements souhaitables pour les femmes, allant dans le sens de la décroissance et d’une production choisie, en circuit court, plus respectueuse de la planète et des travailleuses. Des exemples de bonnes pratiques ont été démontrées comme celui des grèves formatrices de processus de conscientisation chez les jeunes ou encore la nécessité d’impliquer les syndicats. Les militant.es se sont accordées sur le fait qu’une économie néo-libérale nuit aux femmes et à l’égalité femmes/hommes. L’organisation du G7 coûte 36 millions d’€, tandis que le budget annuel du secrétariat d’Etat à l’égalité femmes-hommes est de l’ordre de 30 millions, c’est le plus petit budget du gouvernement et le plus modeste par rapport aux autres pays du G7. Cette journée s’est terminée par une manifestation féministe festive restée trop confidentielle pour une couverture médiatique satisfaisante.

Les déclarations finales du contre Sommet G7 restent cependant assez générales, même si elles mentionnent l’oppression des femmes.

Bilan du Women7 à Biarritz 

Pour le grand public, la présentation du G7 montre deux images désastreuses, symboles passéistes : des photos sont parues dans la presse, l’une montrant que «les hommes décident de la marche du monde» et une autre que «les femmes s’amusent à Espelette !» appelées les «Despelette Housewives.» Elles reflètent une certaine réalité puisque les associations féministes n’ont pas été appelées à la table des négociations les concernant.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé : le Women 7 rassemblant ONG et associations féministes à l’occasion du G7 a pour mission principale de s’assurer que les pays du G7 prennent des engagements tant financiers que politiques en 2019 et au-delà, qui permettront d’avoir un impact concret et durable sur la vie des femmes et des filles partout dans le monde. Son bilan est loin d’être satisfaisant.

Le Women 7 a proposé des mesures concrètes reposant sur les propositions d’un Conseil Consultatif Indépendant émanant des pays du G7 et hors G7, qui a rédigé un texte se voulant contraignant intitulé : appel à l’action.

Parmi les recommandations:

– Identifier et abolir les lois discriminatoires, et/ou amender les clauses discriminatoires, y compris dans les pays du G7 où elles existent encore. Adopter et mettre en œuvre des cadres législatifs progressistes qui font avancer l’égalité entre les femmes et les hommes. Le Conseil invite les dirigeant.e.s du G7 et des pays hors G7 à s’engager à adopter et mettre en œuvre au moins une, et de préférence plusieurs lois dans leurs propres pays, à renforcer les lois existantes, et à entamer ces processus législatifs avant le prochain Sommet du G7.

– Garantir le financement nécessaire à la mise en œuvre de ces lois. Investir dans des mécanismes solides de suivi, d’évaluation et de gouvernance, y compris par un soutien accru à la société civile.

 – Mesurer les progrès accomplis et en rendre compte au moyen d’indicateurs à échéances régulières.

Un constat peu fameux

Il est désolant de constater que ces recommandations ne sont pas considérées comme obligatoires. Les Etats du G7 auraient du être exemplaires en matière de droits reproductifs, de protection contre les violences et de garantie de salaires égaux. Ils ne le sont pas et l’on doit encore et encore leur demander de faire appliquer les lois, si elles existent, pour remplir leur contrat ! Bien sûr, c’est une bonne chose de donner six millions d’€ aux fondations africaines de Denis Mukgwebe et de Nadia Murad, les deux prix Nobels de la paix, et nous nous réjouissons de cela.

Il est indispensable de s’atteler immédiatement à faire appliquer les lois existantes, ou de les créer, afin de permettre la protection et l’autonomie des femmes en Europe. Il est indispensable de financer ces projets, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, d’ouvrir les yeux sur les violences faites aux femmes augmenter en Europe et en France où une 99ème femme est morte depuis le début de l’année, sous les coups de son conjoint.

Pour prendre la mesure de ce que nécessiterait une société véritablement féministe, une éducation non sexiste, débarrassée des clichés et préjugés encore très présents dans bien des manuels scolaires, serait fondamentale. Elle devrait être obligatoire et s’appliquer aussi à la formation des professeur.es, de tous les personnels encadrant et les personnels politiques de tous bords qui considèrent souvent l’égalité femmes/hommes comme une option. Ne pas financer les recommandations indispensables aux changements signifie exposer les femmes et les filles de tous les pays aux discriminations, aux violences et à la mort.

Le rendez-vous pour demander des comptes et des changements est donné en 2020 pour le Forum de l’égalité qui se tiendra à Paris. Il fait suite au rendez-vous de Pékin de 1995 organisée par l’ONU pour l’égalité femmes/hommes et initié en 1975.

Roselyne Segalen 50-50 magazine

print