Articles récents \ Monde Le Forum Génération Égalité va-t-il inclure suffisamment d’associations ?

Une trentaine d’associations féministes s’est réunie le 25 février pour évoquer le Forum Génération Égalité. Ce Forum se tiendra d’abord à Mexico, puis à Paris du 7 au 10 juillet 2020 pour parler des questions d’égalité femmes/hommes. Les militantes se questionnaient sur l’organisation de ce rassemblement, et elles ont pu compter sur la présence de représentantes du groupe consultatif de la société civile, un groupe qui comprend 21 membres, sélectionnés pour encadrer la venue et les actions des associations et organisations lors de ce Forum.

Un totebag griffé du nom de l’ONG de solidarité internationale Care, un foulard vert accroché à un sac, symbole du combat pour le droit à l’avortement en Argentine… les symboles féministes ne manquent pas d’attirer l’attention. Installées en cercle, stylo en main prêtes à prendre des notes, la trentaine de femmes, seul un homme est présent, écoutent patiemment les organisatrices. Le thème de la soirée : le Forum Génération Égalité, un rassemblement mondial pour l’égalité entre les femmes et les hommes, organisé par ONU Femmes et co-présidé par la France et le Mexique, en partenariat avec la société civile.

Les associations, ONG et organisations qui ont fait le déplacement jusqu’au siège du Planning familial à Paris (comme  Femmes solidaires, le Fonds pour les Femmes en Méditerranée, Coordination Sud, l’UNICEF, le WILDAF, Equipop, WECF, Sidaction…) espèrent obtenir des informations concrètes sur cet événement. Car si le Forum ambitionne d’inclure la société civile, les contours de cet axe restent pour le moment assez flous. Un premier tour de table, en français, puis en anglais, ne manque pas de mettre en lumière la diversité de la réunion : certaines sont Françaises, Américaines, d’autres viennent d’Australie, du Zimbabwe ou encore d’Amérique Latine. Preuve que le Forum Génération Égalité sera très international. C’est d’ailleurs ce qui inquiète certaines féministes présentes lors de la réunion. « Je me demande quelle place sera laissée aux mouvements féministes français, lance l’une d’elle. Car à chaque fois qu’on demande à participer au Forum on nous répond que ça sera compliqué ». Beaucoup hochent la tête dans la salle en signe d’approbation. « Je comprends » tente de rassurer l’une des membres du groupe consultatif de la société civile du Forum Génération Égalité,  « évidemment nous aurions aimé qu’il y ait plus que 5000 places réservées à la société civile. »

Les jeunes féministes mises à l’honneur

Pour sélectionner ces 5000 personnes, il va falloir mettre en place un formulaire d’inscription, et donc imposer des critères. Si les critères ne sont pas encore arrêtés, les organisatrices/organisateurs du Forum entendent faire de la place aux jeunes féministes de moins de 30 ans. Elles sont d’ailleurs nombreuses ce soir, avec la « Youth Task Force », qui réunit de jeunes leaders prêtes à mener la révolution féministe. Tout le monde compte sur elles pour atteindre les prochains objectifs et l’égalité des sexes. « Les féministes françaises sur le terrain sont en colère car elles ont l’impression qu’elles ne seront pas représentées.» ajoute l’une des participantes « Les militantes veulent venir à Paris pour ce Forum pour rencontrer les féministes d’autres pays, d’autres cultures, c’est dommage q’elles ne soient pas prises en considération. »

La France devra monter l’exemple

Parmi les autres points d’interrogation sur l’accès à ce rassemblement, on trouve l’obtention des visas et la traduction des débats. Sur ces deux points, les membres du groupe consultatif de la société civile espèrent obtenir des réponses prochainement. Mais la question de l’accès au Forum ne s’arrête pas seulement aux questions pratiques. Si ce soir les membres du groupe consultatif ont pu rencontrer certaines militantes, les discussions semblent, pour beaucoup, déconnectées de la réalité du terrain. Les discussions, pilotées par l’ONU, depuis Paris ou New York, n’incluent pas les féministes des régions. Ce soir, les militantes se demandent donc comment rendre les débats plus compréhensifs, accessibles et surtout inclusifs, pour impliquer davantage l’ensemble de la société civile, sans oublier les minorités souvent peu représentées.

Malgré ces ajustements qu’il ne faudra pas négliger dans les prochains mois, toutes les féministes s’accordent sur un point : elles espèrent que le Forum permettra de faire avancer l’égalité femmes/hommes, et surtout que ce grand rassemblement mondial ne se transformera pas en une tribune pour Emmanuel Macron, qu’il utilisera pour redorer son image. Les gouvernements progressifs, comme la France, doivent être ambitieux, et, enfin, adopter un agenda féministe. Ce Forum donnera l’occasion à la France et à l’Europe de montrer la voie pour que d’autres pays leur emboîtent le pas.

Chloé Cohen, 50-50 magazine

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