France \ Société SéduQ, le jeu qui révolutionne l’éducation à la sexualité

« La sexualité c’est cool. Si ce n’est pas cool, ce n’est pas du sexe ». Une phrase simple et pourtant si importante qui résume parfaitement le projet SéduQ. Entre jeu de société et outil de prévention et d’éducation à la sexualité, SéduQ veut redonner aux adolescent·es le pouvoir sur leur sexualité. Qui sait, cela peut devenir votre nouvelle occupation préférée pour occuper vos prochaines semaines de confinement !  

Alixe Moujeard ne se prédestinait pas à la vente d’outils pédagogiques. Elle commence sa carrière en tant qu’éducatrice spécialisée auprès de jeunes souffrant de troubles du comportement ou en situation de handicap. C’est dans cet environnement qu’elle prend conscience de la faiblesse du système institutionnel en ce qui concerne l’éducation à la sexualité des adolescent·es. La sexualité juvénile est un sujet tabou, qui angoisse les adultes. Ces dernier·es se retrouvent pour une grande majorité démuni·es face à ces questions et dans l’incapacité d’y répondre. Les jeunes sont laissé·es dans l’ignorance, accumulent les idées reçues et reproduisent des comportements néfastes, souvent assimilés par le biais de la pornographie. Les adolescent·es restent ainsi des cibles importantes des violences sexistes et sexuelles, qu’elles/ils en soient victimes ou auteurs.

Le constat d’une éducation à la sexualité inadaptée   

L’éducatrice comprend que ces tabous et ignorances sont intégrés à tous les niveaux de la société. Elle décide alors de prendre en charge l’éducation à la sexualité de certain·es jeunes et met en place des groupes de parole. Mais très vite, elle se retrouve confrontée à un problème majeur : aucun outil ne lui permet de diriger ces séances comme elle l’entend. Que ce soit des jeux de société ou des quiz, les outils mis à disposition ne sont pas adaptés à un public adolescent ; ils ne partagent que de l’information dite « descendante » (d’un adulte sachant à un·e adolescent·e). Elle réalise qu’ils n’incluent pas suffisamment les jeunes et ne prennent pas en compte leurs expériences. Les outils mettant l’accent sur les risques que la sexualité engendre, les moyens de contraception, les MST / IST, sont placés au centre du dialogue. A contrario, ces séances sont calquées sur le modèle patriarcal et hétérocentré de notre société. Ainsi, le désir masculin est mis en avant, la parole des personnes LGBTQI+ invisibilisée, les questions du consentement et du plaisir féminin à peine évoquées. 

Encourager le débat entre pair·es

Alixe Moujeard commence à réfléchir à un outil plus adapté et plus inclusif. Elle est rejointe par sa sœur, 17 ans à l’époque, qui lui fournit une aide précieuse dans la création d’un outil fait par et pour les jeunes. Le but est de se rapprocher au maximum de leur réalité. C’est ainsi que va naître SéduQ, un jeu basé sur le principe des escape game avec une véritable mise en expérimentation. Les joueuses/joueurs vont choisir ensemble un personnage « à draguer » et réfléchir aux meilleures techniques pour réussir à faire chavirer son cœur ! Au fil des cartes, elles/ils vont être amené·es à discuter de thèmes importants, comme celui du consentement, du respect ou du harcèlement. Si un·e adulte encadre la partie, elle/il sera amené·e à encourager le dialogue autour de ces sujets, sans pour autant émettre le moindre jugement. La discussion se construit entre jeunes, ce qui donne lieu à des débats qui auront beaucoup plus d’impacts. Entendre de la part d’un·e camarade de classe que non, ça, ce n’est pas de la drague mais du harcèlement, cela change tout pour les adolescent·es présent·es autour de la table. 

                                                                               Alixe Maujeard et sa soeur Zoé

La partie “Q”, pour une sexualité inclusive, plurielle et bienveillante

L’étape de la séduction passée, il est temps de faire monter la pression. C’est là qu’intervient la partie « Q ». Grâce à des cartes « actions » et « corps », elle tend à prouver qu’il n’existe pas qu’une sexualité et qu’il n’y a pas qu’une manière de faire. Le jeu souhaite mettre toutes les pratiques sur le même ordre de valeurs, en supprimant tous jugements et stéréotypes. C’est donc grâce à un travail de groupe qui mélange les genres et les appartenances sexuelles que la partie va avancer. En créant SéduQ, Alixe Moujeard et sa soeur Zoé permettent aux adolescent·es de devenir les actrices/acteurs de leur apprentissage. Plus qu’un jeu de société, il répond aux questions souvent nombreuses des adolescent·es. Surtout, il est un véritable outil de prévention des violences sexuelles. L’initiative a su conquérir nombre de professeur·es de SVT et d’éducatrices/éducateurs.

Aujourd’hui, au sein de la start-up Désclic qu’elle a créée , Alixe Moujeard souhaite développer de nouveaux projets qui visent à déconstruire les tabous,  notamment ceux qui concernent le monde du handicap et surtout, promouvoir l’égalité des genres.  

Marie Tremblay 50-50 Magazine.

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