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Rester chez soi pour se protéger. Si, pendant ces deux mois de confinement, le foyer familial a été synonyme de sécurité pour certain·es, il s’est transformé en véritable enfer pour d’autres, avec l’augmentation impressionnante des violences conjugales. Les femmes sont bien sûr les premières victimes, mais pas les seules. Les enfants, qu’ils soient témoins ou victimes des violences, sont aussi en première ligne. C’est ce thème délicat et douloureux qu’aborde Anne Chicard, juriste et criminologue, dans J’ai peur pour ma maman.
César a dix ans. Ses parents sont séparés. Sa maman rencontre un homme, qui peu à peu s’intègre à la famille et s’installe chez eux. Ce beau-père gentil qui ressemble à Superman devient vite colérique, manipulateur et violent. D’abord ce sont les mots, puis les coups, et c’est l’escalade de la violence. C’est César qui raconte son histoire, avec des mots d’enfant et des phrases simples, qui ne rendent que plus cruelle la réalité des violences au sein du foyer. Son incompréhension, son impuissance, ses peurs, sa perte de repères, sont le reflet de ce que vit sa mère : « Maman n’a pas porté plainte à la Police. Elle a juste mis du maquillage pour cacher les bleus qu’elle avait sur son visage. »
Ce récit pour enfants révèle en quelques pages, illustrées par des aquarelles de l’éducatrice spécialisée Fleur Rigaud, une histoire touchante et bien plus courante que l’on ne l’imagine.
Dans une seconde partie plus théorique, Anne Chicard s’adresse ensuite aux adultes, et détaille les différents impacts possibles des violences familiales sur les enfants ainsi que les solutions, les ressources et les démarches légales qui existent pour leur venir en aide. Spécialiste des violences intrafamiliales, elle a en effet réalisé de nombreuses interventions dans le milieu carcéral, ainsi que des formations et des missions de sensibilisation auprès des enfants. Les témoignages qu’elle a recueillis grâce à ces expériences lui ont inspiré ce livre qui apporte un message rassurant et encourageant pour les enfants qui vivent ces violences, et des conseils à l’intention des adultes : numéros à contacter en cas d’urgence, contacts et informations utiles en France et à l’étranger… Ces ressources concernent avant tout les femmes, principales victimes, et les enfants, mais s’adressent bien sûr à toute personne qui subit des violences intrafamiliales.
Dans cet ouvrage à lire à quatre mains, Anne Chicard entend libérer la parole et ouvrir un dialogue entre les générations sur un sujet qui reste encore tabou aujourd’hui. Permettre aux enfants de comprendre et aux adultes d’agir, c’est tout l’enjeu de la lutte contre les violences conjugales.
Lou Cercy 50-50 magazine
Anne Chicard : J’ai peur pour ma maman, Nombre7 Éditions, 2020.
Image de Une : J’ai peur pour ma maman © Anne Chicard, Fleur Rigaud