Articles récents \ Monde Rendre visible le mécanisme femmes, paix, sécurité et action humanitaire

Il y a 21 ans, l’ONU adoptait la Résolution 1325, reconnaissant l’impact des conflits sur les droits des femmes et des filles dans le monde, et l’importance de la participation des femmes dans les processus de paix. Cette thématique, qui sera à l’honneur lors du Forum Génération Egalité du 30 juin au 2 juillet à Paris, est venue clôturer la série d’échanges, menés par Delphine O, Ambassadrice et Secrétaire générale du FGE, ayant pour objectif d’informer sur cet événement de grande ampleur.

Le mécanisme « femmes, paix et sécurité », voté à l’unanimité en 2000 à l’ONU, prévoyait de protéger et de prévoir les crimes commis contre les femmes lors des conflits et d’intégrer la participation des femmes dans les processus de paix. 21 ans après, où en sommes-nous ?

« La prise de conscience des crimes durant les conflits dont les filles et femmes sont victimes est de plus en plus importante. Le grand public n’ignore plus que les violences sexuelles, les viols notamment, sont utilisées contre les femmes lors de conflits » explique Céline Bardet, fondatrice et présidente de We are not Weapons of War. « Mais il reste beaucoup à faire. Avec une étude mondiale et des données fiables, on pourrait mieux orienter les programmes et répondre aux besoins. Il faut identifier les femmes victimes pour que les services médicaux et économiques viennent à elles et leur permettent de se reconstruire. Il faut aussi mieux communiquer sur les progrès réels des poursuites judiciaires pour redonner confiance aux victimes. Nous devons penser à l’après, après les violences, comment les femmes peuvent se reconstruire, accéder à l’autonomie et à l’indépendance financière ».

Les cas de l’Afrique et de la Norvège

Sur le terrain, concrètement, comment les pays peuvent-ils s’impliquer ? « 30 pays africains ont adopté des plans nationaux pour faire face aux violences pendant les conflits. L’Afrique est le continent qui a le plus pris en charge le sujet « Femmes, Paix & Sécurité ». A Pékin en 1995 déjà, les femmes africaines depuis Dakar ont mené la discussion sur le sujet », explique Bineta Diop, envoyée spéciale de la commission de l’Union Africaine pour les Femmes, la Paix et la Sécurité. « Les femmes connaissent les problèmes de leur communauté, mais aussi les solutions à adopter : nous devons les soutenir financièrement et je salue l’initiative du FGE d’inclure le secteur privé qui possède des outils innovants ».

Prenons également l’exemple de la Norvège : « La Norvège participe au financement du fonds Femmes, Paix et Sécurité pour remédier aux limites de la mise en œuvre des engagements : les femmes ne sont pas des actrices passives des conflits et nous devons les soutenir en assurant un suivi des engagements », détaille Oda Helen Sletnes, Ambassadrice de Norvège en France.

Faire connaître le mécanisme au public

Mais alors, si de nombreux pays en Afrique ou comme la Norvège, s’intéressent de près à ce mécanisme, comment peut-on expliquer les limites persistantes ? « Ce mécanisme n’est pas suffisamment connu du grand public », regrette Ghita El Khyari, directrice du Secrétariat du Women’s Peace and Humanitarian Fund. « Il sera plus facile de faire avancer ces problématiques et d’appliquer les engagements pris lors de la signature de la résolution si le public s’intéresse au mécanisme femmes, paix et sécurité ». Le FGE permettra sans doute d’informer la société civile sur ces thématiques spécifiques. Le Women’s Peace and Humanitarian Fund a d’ailleurs soutenu 369 organisations dirigées par des femmes sur la paix, la sécurité et l’action humanitaire depuis sa création. Et ces soutiens sont essentiels, car pour qu’une paix soit durable, il faut que les accords soient représentatifs de la société et qu’ils incluent donc les femmes dans les négociations et les discussions.

La paix est plus durable si elle inclut les femmes, car cela permettra de représenter tous les besoins et les enjeux de la société.

Chloé Cohen 50-50 Magazine 

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