Articles récents \ DÉBATS \ Tribunes Exigeons la suspension du professeur Daraï !

Bonne nouvelle, le conseil de Paris a voté jeudi 14 octobre à l’unanimité le vœu que je défendais. Il avait été rédigé avec le collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologique (Stop VOG)  pour demander la suspension du professeur gynécologue de Tenon Emile Daraï, qui fait l’objet de 3 plaintes pour viol et de 100 à 150 témoignages de femmes qui déclarent avoir été victimes de violences de la part de ce gynécologue.

C’est important parce que le vœu demande la suspension de ce gynécologue le temps de l’enquête, suite de la publication début septembre, sur les réseaux sociaux, par Stop VOG, de témoignages d’un grand nombre de femmes qui disent avoir été victimes de violences, des témoignages extrêmement durs… Ce sont des femmes qui se sont vues infliger un toucher rectal, un toucher vaginal sans qu’on leur demande leur consentement, qui se sont retrouvées entourées de beaucoup d’étudiant.es en médecine qui assistaient à l’examen gynécologique, voir d’étudiant.es qui devaient faire les mêmes gestes que le médecin sans qu’on leur demande leur consentement. Ce sont des situations de viol.

La direction de l’AP-HP avait fini par enclencher une enquête interne sur ce médecin, sur l’hôpital Tenon et la fac de médecine où il exerce, mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait qu’il y ait des enquêtes dans tous les hôpitaux de Paris, parce que certains témoignages concernent d’autres hôpitaux où il a pu exercer et que le problème des violences gynécologiques et obstétricales sont conséquentes et ne concernent pas que ce médecin.

Mais surtout, il y a eu aussi une entourloupe, un enfumage.. La direction de l’APHP avait annoncé la mise en retrait du gynécologue, le temps de l’enquête. Donc beaucoup ont pensé qu’il était mis en retrait de ses responsabilités et ne pouvait plus exercer. Et bien non ! La subtilité était que la mise en retrait ne concerne que ses responsabilités de chef de service. Il peut donc toujours avoir et a des rendez-vous avec ses patientes, intervenir sur ses patientes, opérer… Il y a une enquête interne, il y a des procédures en justice qui sont enclenchées, trois plaintes sont en cours, et il faut bien-sûr respecter la présomption d’innocence, ne serait-ce que pour ne pas avoir de procès en diffamation car le médecin menace celles qui parlent. Mais c’est insupportable de se dire que, malgré tous ces témoignages, il continue d’exercer ! Il peut donc potentiellement se comporter avec ses patientes comme hier ! Il y a une mise en danger des femmes. Donc il faut exiger sa suspension. Et c’est ce que demandait ce vœu et tous les membres du conseil de Paris de tous les bords politiques ont voté à l’unanimité ce vœu. Cela ne veut pas dire qu’il est suspendu, mais que maintenant la balle est dans le camp de l’AP-HP et d’Oliver Véran, le ministre de la Santé afin d’agir en conséquence sachant que l’hôpital de Bastia, en Corse, où il exerce également, a déjà pris la décision de le suspendre. Un directeur d’un hôpital peut prendre cette décision quand il estime qu’il y a une urgence en termes de protection immédiate.

C’est donc un vote symbolique du conseil de Paris. La maire de Paris préside le conseil de surveillance de l’APHP donc elle est légitime pour porter ce vœu que tout le conseil a adopté. Maintenant, il faut que le message soit entendu par le ministre Olivier Véran.
Sachant qu’il y avait eu un rapport de 2018 sur les violences gynécologiques et obstétricales qui avaient montré que le problème est extrêmement conséquent et étendu.

Hélas, depuis 2018, aucune recommandation n’avait été prise. La lutte contre les violences faites aux femmes est pourtant la grande cause du quinquenat et les violences gynécologiques en font partie mais le gouvernement ne fait rien ! A travers ce vœu, je souhaite aussi qu’il y ait un débat pour penser un véritable protocole pour les rendez-vous gynécologiques afin que les femmes soient bien informées de ce qu’on va leur faire et que l’on s’assure bien du consentement des femmes. On voit bien qu’il y a un vrai problème dans nos hôpitaux. Une femme n’est pas d’un coup, un corps sans conscience et sans liberté, quand elle rentre dans la salle de l’examen gynécologique ! Il faut exiger que le consentement des femmes soit recueilli et il faudrait aussi une formation de tout le personnel pour que cette notion du consentement soit bien comprise et transmise. Et puis je pense qu’il faudrait instaurer des cellules d’écoutes dans les hôpitaux pour que les femmes victimes de violences puissent en parler, puissent avoir un suivi psychologique parce que les témoignages recueillis par le collectif Stop VOG montrent que les femmes souffrent physiquement, psychologiquement du traumatisme qu’elles ont subi.. Il faut aussi qu’elles soient accompagnées dans leurs droits pour se défendre.

Nous demandons que ces cellules d’écoute dans les hôpitaux puissent être ouvertes en collaboration avec des associations féministes et des collectifs de femmes victimes.

Mais dans l’immédiat, exigeons la suspension du professeur Daraï !

Danielle Simonet conseillère de Paris LFI

Dessin Catherine Beaunez

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