Articles récents \ France \ Société Décodix : le jeu de société résolument féministe

Céline Aho-Nienne a, avec son conjoint Olivier Chaber, créé un jeu de société qui se veut inclusif. Décodix est un jeu de cartes où il faut décoder des énigmes qui mettent en avant les femmes et la diversité ethnique dans la culture populaire. Déchiffrez les anagrammes, retrouvez à quel·le célébrité ils font référence, mémorisez vos réponses et soyez la première à atteindre 10 cartes !

Céline Aho-Nienne est persuadée que les jeux de société sont un formidable vecteur culturel trop souvent délaissés. Comme toutes formes de médias, ils permettent d’influencer presque subliminalement l’esprit des joueuses/joueurs, en leur rappelant que les femmes ont une place aussi importante que les hommes dans divers domaines : artistique, scientifique etc. D’autant plus que les jeux de société visent principalement les enfants. Ce sont des outils permettant de transmettre efficacement des valeurs aux nouvelles générations. Actuellement ce milieu est encore dominé par les hommes blancs mais les choses commencent à changer et de nouvelles voix se font entendre.

Cette idée de jeu est née lorsque Céline Aho-Nienne, après avoir eu plusieurs expériences professionnelles au contact de réfugié·es haïtien·nes, de migrant·es en Guadeloupe et d’associations féministes, s’est orientée vers le milieu de la bijouterie à Paris. Elle a dû abandonner ce projet mais le côté créatif est resté. En parallèle, elle ébauche Décodix et participe à l’appel à projets pour les femmes de l’incubateur Paris Pionnières (actuellement Willa). Son prototype de jeu remporte le premier prix : un an d’accompagnement. Après un coaching d’entreprenariat Céline et Olivier modifient leur idée initiale d’application numérique et se tournent vers un jeu de cartes. Il est plus attrayant pour les parents puisqu’il permet de déconnecter les enfants des écrans et de souder la famille en jouant ensemble.

Après avoir participé à plusieurs festivals le résultat est sans appel : c’est un succès. Afin de rester fidèles à leur idée de départ, le couple monte Okopix, une société d’édition indépendante dont le slogan est “la connaissance vient en jouant”. Cette année, la société coordonne un collectif d’éditrices/éditeurs indépendant·es de jeux. Parmi les membres le comité huit éditrices de jeux de société en font partie. Objectif : montrer qu’il est possible de rendre les jeux de société plus inclusifs, tout en prenant une approche résolument féministe, notamment dans l’illustration des héroïnes et des héros des jeux. D’autres jeux sont dans le même esprit tels que Bad Bitch Girl Only de Gender Games. Un time’s up ne comportant que des femmes qu’il faut faire deviner en interdisant aux joueuses/joueurs de décrire une personnalité par «c’est la femme de…». Si l’univers du jeu est celui du time’s up, les codes et les règles sont entièrement différents. Ou encore Héroïne : le jeu où les hommes sont tolérés ! Le but : ressentir la discrimination que les femmes subissent au quotidien, en faisant d’une carte homme un malus par exemple.

Décodix s’adresse à toute la famille avec trois versions : Décodix Kids (anagrammes en syllabes + 8 ans), Décodix (+de 12 ans) et Décodix Apéro (+ de 18 ans). La difficulté des anagrammes varient mais une même volonté demeure : jouer ensemble pour deviner des références à la culture populaire dans la bonne humeur. Tu chantes ? Tu rejoues ! Et dans la version Apéro : Tu perds ? Tu bois !

Célia Rabot 50-50 Magazine

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