Articles récents \ Culture \ Arts Orlan est toujours en colère

Orlan : « Dés le début, mon œuvre a interrogé les pressions sociales, politiques, religieuses qui s’exercent sur les corps. Mes création, toutes politiques et féministes se fondent sur une recherche visuelle des visages d’horreur, de peur et de grandeur.  » 

Orlan est toujours en colère. Et pour cause. Encore au XXIème siècle, le statut des femmes fait toujours et encore débat. L’artiste engagée dénonce les pressions culturelles, traditionnelles, politiques et religieuses, l’absence de reconnaissance du travail des femmes au même titre que leurs homologues masculins et la prédominance de ceux-ci dans toutes les sphères de la société.

Depuis les années 70, Orlan aime interpeler le public en érotisant son corps lors de performances médiatisées. Inscrite dans le mouvement de l’Art corporel, l’artiste manipule, transforme, maltraite son corps pour dénoncer la place assignée aux femmes par les hommes dans nos sociétés. En 1977, elle est renvoyée de l’école où elle enseignait suite à sa performance, le Baiser de l’artiste.

Dans les années 80, elle provoque avec son tableau, L’origine de la guerre, le pendant masculin de L’origine du monde de Courbet, qu’elle met en valeur à travers un homme-tronc en peignant en premier plan un sexe en érection, symbole de la violence universelle. Plus tard, elle fera scandale en filmant ses opérations chirurgicales dont la mise en place d’implants sur les tempes pour mieux se transformer elle-même en œuvre d’art. L’Art charnel venait de naître.

Depuis les années 90, elle crée des Self-Hybridations en mélangeant sur ordinateur des parties de son corps avec d’autres, qu’elles soient réelles ou imaginaires.

La nouvelle série hybridée, Les femmes qui pleurent sont en colère, dénonce l’absence de reconnaissance de ces muses, modèles et inspiratrices, restées dans l’ombre et qui ont contribué à la gloire des grands maîtres. Pour ce faire, Orlan a choisi l’artiste Dora Maar peinte par Picasso, connue comme sa muse et bien moins comme photographe et peintresse. Elle déforme le corps et l’esprit des toiles pour y dénoncer les violences physiques et psychiques subies par les femmes.

 » J’insère des fragments de mon visage dont ma bouche qui hurle pour que la colère s’exprime à partir d’une série d’hybridations de peintures de Picasso représentant Dora Maar en pleurs. C’est une destruction-reconstruction et création féminine qui kaleidoscopie le monde auquel elle se mêle. Mes figures féminines sont hybridées et désaliénées dans une forme picturale que je crée tels des collages brutaux extrêmement libres et déréglants. « 

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

Exposition Orlan – Les femmes qui pleurent sont en colère –

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