Articles récents \ France \ Société Culottes menstruelles, il est temps de changer les règles !

Les protections hygiéniques comme les serviettes et les tampons existent depuis longtemps mais sont de plus en plus décriées par certaines. Elles sont polluantes, trop chères et peuvent contenir des produits néfastes pour la santé. Récemment des nouveautés se sont développées comme la cup et les culottes menstruelles.

En 1888 la première serviette jetable est créée avec une étoffe de lin accrochée avec une épingle à nourrice à une ceinture dite sanitaire. En 1920 elle est fabriquée en fibres de coton et c’est la société Kimberly Clark qui en vend de façon industrielle pour la première fois. En 1934 le premier tampon jetable avec un applicateur en carton est inventé par la société Tampax. C’est seulement en 1963 que les françaises ont enfin pu acheter en magasin des serviettes hygiéniques jetables. Dans les années 70, une bande adhésive est ajoutée. En 1991, la marque Nana invente les rabats souples qui se fixent sous la culotte et des serviettes hygiéniques spécialement conçues pour la nuit. La première serviette pour string est apparue dans les années 2000.

Les serviettes hygiéniques se sont de plus en plus développées, à présent nous pouvons en trouver de toutes les tailles, avec ou sans rabats, pour flux léger, moyen ou abondant et même avec du parfum ! Cependant, plusieurs problèmes ont commencé à être soulevés : c’est inconfortable, il peut y avoir des fuites, la serviette peut se décoller, il faut la changer régulièrement, des produits toxiques comme des pesticides et des perturbateurs endocriniens dangereux sont utilisés…

La prise de conscience écologique a aussi révélé l’impact néfaste sur l’environnement de ces produits hygiéniques. D’après l’Info Durable « chaque année, plus de 45 milliards de serviettes et tampons sont ainsi jetés dans le monde ».

Les tampons peuvent aussi provoquer le syndrome du choc toxique s’ils ne sont pas changés assez régulièrement. Bien que cela soit rare, il peut être mortel. Il se déclare chez les femmes porteuses du staphylocoque doré. Ainsi, même la cup (ou coupe menstruelle), pourtant bien plus écologique car réutilisable n’est pas sans danger. De plus, de nombreuses femmes trouvent que devoir vider cette cup toutes les quatre heures n’est pas ce qu’il y a de plus pratique.

En 2017 sont apparues en France les culottes menstruelles. C’est la marque Fempo qui les commercialise pour la première fois avant d’être suivie par Réjeanne, Marguette, Smoon, Dim, Moodz…

Qu’est-ce qu’une culotte menstruelle ?

C’est une culotte généralement composée de trois couches : une en coton, une en fibres de cellulose tirées du bois d’eucalyptus ou de fibres de bambou et une en PUL (polyurethane laminate, une matière imperméable en polyester). Elle est faite d’une première partie drainante, d’une seconde partie absorbante et d’une troisième imperméable. Lucie Soïka, une étudiante de Grenoble nous partage son avis sur les culottes menstruelles et la manière dont elle a connu ce produit qui a révolutionné la vie de nombreuses femmes : « J’ai vu une vente privée sur internet, j’ai trouvé ça cool et je me suis dit que ça pourrait être super économique donc pourquoi ne pas passer le cap. C’est aussi pour le côté pratique parce que ça change la vie. D’un point de vue santé, avec les produits qu’il y a dans les tampons nous ne sommes plus trop sûres de ce qu’on peut mettre, en plus ils ne sont pas du tout agréables alors que les culottes sont bien plus confortables. » Lili Rolland une jeune femme de 19 ans trouve que « c’est une bonne alternative, c’est beaucoup plus écologique et meilleur pour la santé, il y a beaucoup de produits toxiques dans les serviettes hygiéniques donc à long terme ce n’est pas bon pour le corps. »

Tout comme les serviettes, les culottes menstruelles sont proposées pour différents flux. Au début les culottes menstruelles étaient très sobres mais à présent des marques proposent des designs bien plus élaborés avec de la dentelle, différentes couleurs et même des versions tanga, string, culotte haute, maillot de bain, etc. Cependant, elles ne sont pas toutes de la même qualité, certaines sont made in France et/ou en coton bio, sans nanoparticules d’argent avec une certification Oekotex 100, ce qui n’est pas le cas de toutes les marques. Camille Uginet, une autre étudiante de 21 ans utilise aussi des culottes menstruelles : « La première que j’ai eu c’est ma mère qui me l’a achetée en magasin, elle était en coton bio, les autres étaient créées en partenariat avec une Instagrameuse mais je ne suis pas très contente de la qualité. » Il vaut donc mieux faire quelques recherches au préalable pour s’assurer de la provenance et de la qualité d’autant plus qu’elles serviront plusieurs années !

Lucie Soïka soulève aussi un sujet important : « Il faut vraiment être en adéquation avec son corps parce que lorsqu’il faut essorer sa culotte pour la laver, on se rend bien plus compte de la quantité de sang qu’il y a qu’avec un tampon ou une serviette ». Pour les laver il faut en effet les rincer à l’eau froide dans un premier temps avant de les laver à la main ou bien de les mettre à la machine à laver à 30° mais sans adoucissant ou produit désinfectant. Les culottes menstruelles sont aussi très pratiques car elles peuvent se porter 12 heures maximum. Néanmoins, Camille Uginet est moins enthousiaste : « Au bout d’un an d’utilisation, je suis assez mitigée. Il faut vraiment être organisée mais je bouge trop dans ma vie, plusieurs fois je me suis retrouvée dans des situations assez compliquées quand je partais en randonnée ou en ski,  je me disais qu’il fallait que je change ma culotte mais ce n’était pas possible donc ça ne correspond pas à mon style de vie. Je pense donc me tourner vers des serviettes lavables. »

Le prix d’une culotte menstruelle pourrait être un frein car il peut aller de 20 à 60 euros selon la provenance et la qualité. Cependant, en Grande-Bretagne, une enquête a démontré en 2015 qu’une femme dépense environ 20 000 euros pour ses règles au cours de sa vie. Cela comporte les produits hygiéniques, les sous-vêtements à racheter à cause des éventuelles taches et les antidouleurs. Investir dans les culottes menstruelles est donc bien plus économique car il n’y a plus le problème des taches et les culottes peuvent être utilisées pendant plusieurs années (entre 5 à 7 ans, environ).

Océane Laffay 50-50 Magazine

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