Brèves Affaire Abad, la culture du viol bien installée au gouvernement

nous toutes

Quatre semaines ! Il aura fallu quatre semaines, trois accusations pour viol ou tentative (une quatrième depuis hier) et une plainte, pour qu’enfin grâce au remaniement, le gouvernement Borne daigne démettre de ses fonctions de ministre des Solidarités, Damien Abad. Si le collectif #NousToutes prend acte de cette décision, la victoire n’en a pas moins un goût amer tant la gestion de cette affaire par Elisabeth Borne et Emmanuel Macron est empreinte de culture du viol et a ignoré la parole des victimes et consacré -une fois de plus- l’impunité et la protection d’hommes mis en cause pour violences sexuelles.

Comment pourrions-nous nous réjouir alors qu’il aura fallu que ce gouvernement se retrouve acculé pour se séparer de Damien Abad ? Le collectif #NousToutes n’est pas dupe des raisons qui ont poussé l’exécutif à acter ce départ et c’est là l’une des causes de sa colère : Elisabeth Borne elle-même l’a sous-entendu dans un article du Monde daté d’hier, Damien Abad s’est vu retirer son poste de ministre, parce qu’il était “empêché de faire son travail” à cause des interpellations accompagnant ses déplacements. Il ne devait y avoir qu’une raison, les accusations de violences sexuelles dont il fait l’objet. C’est inadmissible. 

Comme il est inadmissible que le gouvernement ait attendu un remaniement, qui n’a été qu’une échappatoire bienvenue, pour acter ce départ. Comme il est inadmissible d’entendre de la part d’un gouvernement qui a proclamé l’égalité femmes-hommes “grande cause nationale”, des arguments fallacieux sur la présomption d’innocence. Des arguments dont la seule vocation est de protéger des homme accusés de violences, mais qui ne font que décrédibiliser les victimes : l’absence de plainte, le timing des révélations, la responsabilisation des victimes, la minimisation du harcèlement sexuel… En tant qu’employeur et surtout en tant qu’autorités à la tête de l’Etat, le président Emmanuel Macron et sa première ministre Elisabeth Borne ont une responsabilité morale : il et elle auraient dû le démettre dès les premières accusations, en plus de diligenter une enquête interne. En  s’y refusant, il et elle ont nié la parole des victimes… de toutes celles qui n’osent parler publiquement.

Mais il est surtout particulièrement cynique d’affirmer prendre des décisions fondées uniquement sur les procédures judiciaires quand on sait, que la justice est structurellement défaillante : 70% des plaintes pour viol sont classées sans suite, et seulement 10% aboutissent à une condamnation. Des condamnations qui ont baissé de 40% en dix ans alors que les plaintes ont augmenté. 

Comment pourrions-nous nous réjouir alors que deux ministres mis en cause pour viol, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et Chrysoula Zacharopoulou en charge de la Francophonie, ont été reconduites. Nous sommes révoltées de voir qu’une fois encore, Gérald Darmanin dont l’enquête pour viol n’est à ce jour pas terminée, bénéficie de la protection d’Emmanuel Macron et voit son champ de compétence élargi : à croire que ce dernier a plus de valeur aux yeux du Président de la République… Chrysoula Zacharopoulou aurait-elle été reconduite pour ne pas créer de nouvelle “jurisprudence”, selon laquelle deux ministres devraient démissionner suite à une enquête pour viol. L’affaire Chrysoula Zacharopoulou est  pourtant l’occasion d’informer la société sur les viols gynécologiques et de s’interroger sur la formation imprégnée de misogynie des praticien•nes. Mais non, mieux vaut sauver un homme que de lutter contre les violences de genre pour Emmanuel Macron.

Par la gestion de cette affaire Abad et ce remaniement, le gouvernement accrédite son manque de volonté politique d’en finir avec des défaillances et violences structurelles. Nous exigeons que Gérald Darmanin, et Chrysoula Zacharopoulou soient aussi démis•es de leurs fonctions de ministres. Que Damien Abad soit exclu du groupe de la majorité à l’Assemblée nationale, et que cette dernière mette tout en œuvre pour protéger les femmes qui devront travailler avec lui. Le combat contre les violences sexistes et sexuelles est trop important. Nous ne nous résignons pas. Jamais. Cette année encore, le collectif #NousToutes appelle à manifester à ses côtés le 19 novembre 2022 partout en France. Pour en finir avec l’impunité et les institutions défaillantes. Pour en finir avec les violences sexuelles et de genre.

Nous Toutes

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