Articles récents \ Culture \ Arts Femmage à Emmanuelle Badibanga par l’artiste Nassima Reutlinger

En mémoire à Emmanuelle Badibanga, décédée le 27 avril 2021 aux Seychelles, Nassima Reutlinger réalisera une performance lors de son exposition. La gérante de l’espace culturel, La Passerelle, à Nice était pour Nassima Reutlinger un exemple de combativité et de joie. Partageant toutes deux une même passion pour l’art et le dessin d’après modèle, elle lui rendra hommage à travers la réalisation en live d’une œuvre en son souvenir.

Etiez-vous proche d’Emmanuelle Badibanga ?

J’ai rencontré Emmanuelle lors d’une séance de modèle vivant sur Nice. Je me rappelle son élégance et son sourire naturel. Nous étions juste 5 ou 6 avec le modèle à partager un joyeux apéro clandestin en plein confinement. Elle débutait dans le dessin d’après modèle avec engouement, ses sourcils studieux s’agitant au-dessus de ses yeux rieurs. Je devais exposer en mars 2021 dans son espace culturel « La passerelle ». Sa mort tragique le 27 avril 2021 aux Seychelles a mis fin à tous nos projets. Je souhaite lui rendre hommage car c’était une femme radieuse et dynamique. Sa beauté était disputée entre artistes ardemment inspirés par son visage délicat. Mais au-delà de son rayonnement de muse innée c’est en sa mémoire que je peindrai, lors de mon exposition, une toile de 2×3 mètres. Le finissage aura lieu samedi 13 août à 14h et je vous invite à venir découvrir la toile en mémoire à Emmanuelle Badibanga que j’aurai réalisée durant l’exposition.

J’en profite pour remercier la mairie de St Martin-de-Vésubie et surtout la famille d’Emmanuelle qui m’a permis de rendre ce femmage possible.

En dehors de votre performance à la mémoire d’Emmanuelle Badibanga, vous exposez vos dessins et croquis. Pourquoi avoir choisi le modèle vivant comme support artistique ?

La discipline du dessin d’après modèle permet à l’artiste de faire ses gammes au quotidien. Cet exercice m’est indispensable car je me sers de l’énergie du modèle sur l’instant, pour créer. Les photos d’étude du nu et d’expressions corporelles ne m’inspirent pas. Pour transmettre de la vie et de l’émotion à mes dessins, je dois capter le vivant et croquer ces instants. Je n’ai pas d’attache à des séances de modèle vivant en particulier, j’erre au fil du temps d’un atelier à l’autre avec un appétit insatiable et j’évite ainsi la routine. Au cours de ces séances, j’échange souvent avec les modèles. J’ai moi-même travaillé en tant que modèle pour me confronter à la réalité de la pose nue. Le modèle est le chorégraphe de mes crayons et pinceaux, sa distance invite à l’imagination. Si ce métier demande à la fois au modèle de la créativité dans l’enchaînement des poses, il exige aussi un dépassement physique pour tenir des poses durant de longues minutes.

Les visiteuses et visiteurs pourront admirer votre travail mais également découvrir ce qu’est le travail de modèle vivant. Au-delà du corps, l’être humain… et vous leur avez donné la parole.

L’exposition mélange mes croquis et peintures avec des témoignages de modèles car j’ai effectivement souhaité leur donner la parole. Si la collaboration entre artiste et muse est auréolée de belles romances ou d’amours tragiques, il n’en reste pas moins que le métier est inconnu du grand public. Cette spécialité professionnelle n’a pas évolué et les modèles n’ont aucun statut. À travers leurs témoignages, j’espère donner plus de transparence à leur travail et débarrasser la discipline des préjugés. Je les remercie pour leur précieuse participation et le réel plaisir que j’ai eu à travailler avec elles et eux.

propos recueillis par Laurence Dionigi 50-50 Magazine

Exposition Paroles et croquis de modèles vivants – Performance sur deux semaines en mémoire à Emmanuelle Badibanga du 2 au 16 août du lundi au dimanche de 9h à 17h30

Mairie de St Martin-de-Vésubie Pl. du Général de Gaulle 06450 Saint-Martin-Vésubie

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