Articles récents \ Culture \ Cinéma Marion Burger : « Divine de Houda Benyamina … était le premier long métrage où j’étais cheffe décoratrice »
Le 26 septembre dernier s’est tenue la cérémonie de remise du prix de la Commission Supérieure Technique de l’Image et du Son qui valorise l’excellence technique. En 2021, une nouvelle catégorie fait son apparition Le prix de la jeune technicienne de cinéma. Il vise à favoriser l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans l’industrie du cinéma. En 2022, la lauréate de ce prix est Marion Burger, cheffe décoratrice sur une dizaine de longs métrages.
Avez-vous toujours voulu faire du cinéma ?
C’est un cheminement qui s’est fait petit à petit, quand j’étais jeune je n’imaginais pas faire du cinéma. J’ai toujours voulu faire des études artistiques, mais je ne savais pas dans quel secteur. Au départ, je voulais travailler dans les métiers du livre et de l’illustration. Au fur et à mesure que j’avançais dans mes études, je me suis rendue compte que j’étais plus sensible au textile, à la matière parce qu’elle avait quelque chose de polymorphe. J’ai donc fait une école d’arts appliqués, j’ai aimé cette vision globale des choses et cette transversalité.
Comment faites vous la découverte du métier de décoratrice/décorateur ?
Lorsque j’ai rencontré par hasard des gens qui faisaient du cinéma, ils m’ont parlé du métier de décoratrice. Je me suis dit que ce métier pourrait m’intéresser puisqu’on y retrouve un fort esprit d’équipe. Il faut travailler avec la/le costumière/costumier, la/le réalisatrice/réalisateur, l’image, la photo, etc. C’est un métier où il faut créer des harmonies, travailler sur une image globale et cela correspondait à ma façon de réfléchir, de créer.
Comment débute vos premiers pas dans ce métier ?
J’ai commencé à travailler sur des courts-métrages pour des projets étudiants. Il n’y avait personne pour faire de décors. Je n’ai pas fait d’école de cinéma. Cela va faire bientôt 10 ans que je suis cheffe décoratrice sur des longs-métrages.
Quel a été votre premier long métrage ?
Mon premier long métrage était Divine de Houda Benyamina qui a eu la caméra d’or en 2016 à Cannes. Cette expérience a lancé ma carrière, c’était le premier long métrage où j’étais cheffe décoratrice, un poste assez important.
Que pensez-vous du fait qu’il n’y ait pas assez de femmes représentées dans ce métier ?
Avant que je ne me lance, je voyais des hommes cinquantenaires chefs décorateurs qui avaient énormément d’expérience. Je m’étais dit, que ce métier était tellement complexe et lourd en termes techniques que je ne pourrai pas le faire. Je m’imaginais à d’autres postes de décoration où j’étais sûre d’avoir des compétences comme le choix des meubles et des tissus. Je comprends qu’il n’y ait pas beaucoup de femmes dans ce métier, on y trouve beaucoup d’hommes d’un certain âge, mais c’est en train de changer.
Qu’est-ce qui vous a permis de gravir les échelons ?
C’est en travaillant sur les projets étudiants en tant que cheffe décoratrice où il n’y avait pas de gros enjeux, que j’ai pris confiance en moi. J’ai aussi pris de l’aisance en étant entourée de personnes bienveillantes, avec qui j’ai fait mes premiers films et qui n’avaient pas peur de la jeunesse. J’étais un peu insouciante, je ne connaissais pas ce milieu, ce qui faisait que je pensais que tout était possible pour moi.
J’ai aussi eu la chance d’avoir des parents qui m’ont laissé faire ce que je voulais et qui ont eu confiance en moi. Puis, des gens bienveillants m’ont entouré, des personnes qui étaient parfois plus âgées que j’ai embauché, qui ont accepté de travailler avec moi. Il y a aussi le fait de tomber sur la bonne personne au bon moment. Des réalisateurs et des producteurs m’ont donné cette chance aussi. Tout cela m’a aidé à me sentir à ma place.
Que diriez vous pour encourager les filles et les femmes qui veulent faire comme vous ?
Je dirai que tout est possible. Je dirai aux filles de mon âge, même aux plus jeunes, qu’il faut réinventer notre manière de faire des films parce que je crois qu’aujourd’hui le cinéma est dans une phase qui n’est pas évidente. Les gens vont de moins en moins au cinéma, et puis il y a énormément de plateformes de streaming etc. On a besoin de réinventer, de réfléchir sur la manière de fabriquer, de renouveler le monde du cinéma.
Propos recueillis par Alexandra Koffi 50-50 Magazine