Articles récents \ Monde \ Pays Arabes Iran : crainte d’une exécution de masse et de viols sur des vierges

La révolte fait rage en Iran et la répression policière ne semble pas avoir de limite pour arrêter les dissident·es. Alors que l’ONG Iran Human Rights annonce que 342 manifestant·es seraient mort·es dans les rues, des rumeurs concernant une éventuelle exécution de masse des prisonnières/prisonniers effraie les défenseur·es de droits humains. 

Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini décède à la suite de son arrestation par la police des mœurs, qui l’a rouée de coups car son voile était mal positionné. Son assassinat a déclenché une vague de protestations sans précédent. Ce qui était au début un mouvement contre l’obligation à porter le voile s’est transformé en révolution contre le régime dictatorial.  Au slogan “ Femmes, Vie, Liberté ” s’est ajouté “ Mort au dictateur ”

Ces nouvelles revendications dérangent le gouvernement qui en profite pour durcir la répression. Le 6 novembre, les médias iraniens annoncent que 227 des 290 député·es du pays ont signé une lettre adressée aux instances de justice. Le contenu de cette lettre est clair : le pouvoir législatif demande au pouvoir judiciaire de « traiter comme les [terroristes] de Daech ceux qui ont fait la guerre [contre le régime islamique] et ont attaqué la vie et les biens des gens, d’une manière qui servirait de bonne leçon ». Cela signifie que des député·es souhaiteraient que la peine de mort soit appliquée pour les manifestant·es. 

Cette lettre a suscité beaucoup d’indignation, à la fois de personnes qui ont exprimé leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux, mais aussi de la part de médias internationaux ou encore de personnalités politiques comme Justin Trudeau. L’ONG Iran Human Rights se dit inquiète qu’une vague d’exécutions ne résulte de cette lettre. À l’heure actuelle, cinq manifestant·es ont été condamné·es à mort. Pour au moins un·e d’entre elles/eux, la charge retenue était “moharebeh”, c’est à dire “ guerre contre Dieu ”

Le pays a déjà connu de telles exécutions de masse dans le passé. En 1988, Khomeini avait fait exécuter des milliers d’opposant·es. La FIDH et Amnesty International estiment que le nombre de mort·es s’élève à 5.000 victimes. 

Violer une vierge pour l’empêcher d’entrer au paradis 

Parmi les milliers manifestant·es arrêté·es, il y a bien évidemment beaucoup de femmes. Des femmes qui, comme le soulignent les féministes ukrainiennes de Feminist Workshop, peuvent être très jeunes : la mobilisation a en effet été rejointe en masse par des écolières et étudiantes. Ces jeunes femmes sont donc souvent suspectées d’être vierges.

Or, en Iran, il faut savoir deux choses : d’abord, il est interdit de tuer une vierge ; ensuite, si une femme meurt vierge, elle ira au paradis. À ces deux problèmes, le pouvoir exécutif a trouvé une solution lui permettant de faire d’une pierre deux coups : il suffit de marier la vierge au personnel pénitentiaire qui la violera le soir avant de l’exécuter le lendemain matin. 

Cette pratique est employée depuis des années mais elle a ressurgi depuis que la menace plane sur les détenu·es. Les filles et les femmes de ce groupe vont-elles subir cette même condamnation ? Des familles ont raconté, qu’après avoir perdu leur fille dans une exécution, elles se sont retrouvées avec un homme sur le pas de leur porte, leur offrant une dot symbolique ou des documents de mariage. D’autres encore, en allant dire adieu au corps de leur fille tuée par la patrie, ont remarqué des signes de viol sur leur corps. Autant d’histoires d’horreur qui doivent aujourd’hui résonner dans la tête de chaque femme détenue dans le pays. 

Quand bien même le régime ne déciderait pas d’assassiner les détenu.es, la réalité de la condition des manifestantes en état d’arrestation est tout aussi horrible. En effet, l’afflux de témoignages de victimes et de leurs avocat·es sur les réseaux sociaux est alarmant. Nombre de femmes, en sortant des commissariats ou des prisons, se mettent à la recherche de pilules du lendemain ou de moyens d’avorter.

Le pouvoir iranien légitime les viols et autres violences sexuelles. 

Eva Mordacq 50-50 Magazine

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