Articles récents \ France \ Société Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire?

Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire? C’est la question à laquelle l’association Femmes Entraide et Autonomie va tenter de répondre le 8 mars prochain ! Au programme une performance artistique de danse sur les masculinités avec un artiste Franco Ivoirien, une table ronde avec des chercheuses/chercheurs expert·es et une fresque sur les masculinités. Femmes Entraide et Autonomie est une association créée en 2012 dans le but de lutter contre toutes formes de violences faites aux femmes. Elle promeut l’accès aux droits et à la santé des femmes notamment celles issues de l’immigration et travaille à sensibiliser les hommes aux violences. Elle est financée, entre autres pas le Fonds pour les Femmes en Méditérannée.

Femmes Entraide et Autonomie (FEA) s’engage pour la promotion de l’égalité entre les genres, la promotion de la santé des filles et des femmes, et la sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles. Ses activités sont variées entre l’accueil, l’information et l’orientation des personnes victimes de violences, ainsi que la sensibilisation (des hommes notamment) et la formation des professionnel.les.

 

FEA a choisi d’impliquer les hommes dans la lutte contre les violences de genre, dont les mutilations sexuelles féminines et le mariage précoce et/ou forcé.

 

Sokhna Fall, coordinatrice de l’association explique : « ce projet phare s’appelle « Les hommes s’engagent pour l’égalité femmes/hommes ». Il a pour but d’amplifier le changement, amplifier car nous sommes dans la seconde phase du projet, la première phase s’est déroulée entre 2019 et 2021, et la deuxième a commencé en 2022 jusqu’en 2024. C’est un projet de promotion de l’égalité des genres et de lutte contre les violence de genre, il a la particularité de s’adresser aux hommes pour lutter contre les violences.

« Nous travaillons dans ce projet avec des médiateurs hommes qui partagent ces principes d’égalité et contre les violences. Nous recrutons les médiateurs via une annonce, mais aussi dans nos réseaux professionnels, ou encore par le bouche à oreille. L’association les forme sur les violences sexistes et sexuelles avec plusieurs thèmes . Nous avons un plan de formation avec toutes les thématiques à aborder en lien avec le projet. Ils sont treize médiateurs dans le projet.

Par la suite, après cette phase de formation, ils ont pour mission de sensibiliser leurs pairs sur les stéréotypes sexistes, les violences, sur les conséquences des violences, et promouvoir l’égalité. Ils utilisent plusieurs médias pour sensibiliser, ils organisent également des réunions avec des personnes de leur entourage, des collègues, des étudiants… Ils organisent aussi des lives sur les réseaux sociaux, des podcasts, des interventions dans les émissions radio…

Nous avons deux objectifs dans la sensibilisation. Dans un premier temps, faire prendre conscience aux hommes qu’ils peuvent avoir un comportement soit sexiste voire violent sans pour autant qu’ils en aient conscience. Dans un deuxième temps, favoriser l’intervention en disant si vous êtes témoin de violences dans votre famille dans la rue, voilà ce que vous pouvez faire.

Il y a peu de projets aujourd’hui sur l’égalité femmes/hommes qui s’adressent aux hommes alors qu’ils ont selon nous un rôle à jouer pour faire évoluer les choses.

Nos médiateurs sont principalement issus de l’immigration ou réfugiés. L’idée n’est pas de dire que les violences n’existent que dans certaines régions du monde, elles sont universelles. Nous avons cherché à avoir des personnes qui viennent de régions, de pays, d’âges et de profils différents. Le fait que ce soit des hommes migrants aussi participe à déconstruire certains stéréotypes racistes. Cela montre aussi que tout le monde est concerné.

Nous les voyons évoluer dans leurs comportements ce qui est en partie l’aboutissement du projet. Même pendant le projet nous voyons l’évolution dans la perception de certaines choses, dans leur langage aussi, nous voyons qu’ils s’approprient vraiment le langage féministe ça c’est déjà une victoire sans parler des autres personnes qu’ils sensibilisent. Ils s’engagent sur une durée de 20 mois avec une partie formation et ensuite ils font chacun huit ateliers de sensibilisation. Nous recommandons un atelier par mois puisque cela demande beaucoup de travail et d’investissement.

De plus dans le cadre de ce projet, nous proposons des formations pour les professionnel·les de santé et du social, principalement sur les violences sexistes et sexuelles, sur les violences sur le parcours migratoire, les violences conjugales etc. »

 

Deux expositions : Sexposer, quand l’intime devient politique et Femmes en exil

Estelle Neveu, chargée de mission égalité des genre et droit et santé sexuelle et reproductif, , a mené un projet autour de la santé sexuelle et reproductive : « nous avons mené une recherche-action participative, c’est-à-dire que nous nous sommes intéressées  à la question de la santé sexuelle et reproductive, à la vie affective des femmes migrantes en France, à savoir ce que c’est, ou encore comment elle la perçoive.

« Nous avons pris deux groupes de femmes, le premier groupe était des femmes migrantes ou issues de l’immigration, totalement insérées socialement mais qui ont un parcours migratoire dans la famille. Le deuxième groupe était des demandeuses d’asile qui étaient arrivées en France il y a moins d’un an, avec des parcours de vie plus chaotique.

Nous les avons sensibilisées sur ce qu’est la santé sexuelle et reproductive, sur leurs droits, pour ensuite travailler sur la prise de photos symboliques. En fait, elles ont choisi un thème parmi ceux que nous avons abordés, et ont pris des photos elles-mêmes sur ce qui est important pour elles en matière de vie affective et santé sexuelle ., montrant ainsi le message qu’elles veulent faire passer.

Nous avons ensuite rédigé des abstracts, à savoir des posters sur lesquels nous parlons d’une thématique en particulier.

Ce travail a donné lieu à deux expositions, la première « Sexposer, quand l’intime devient politique », et la deuxième « Femme en exil ». Sexposer va d’ailleurs de nouveau être exposée le 8 mars à Tours. Ce sont des expositions qui sont amenées à tourner puisque Sexposer a fait tous les centres de santé sexuelle de Paris mais aussi le Pavillon des Canaux etc »

Ainsi, FEA aborde des thèmes très différents, notamment autour des violences telles que l’inceste, les violences verbales, mais aussi les violences obstétriques et gynécologiques. Des thèmes comme la précarité menstruelle, la violence institutionnelle sont également abordés. En effet, quand une femme demande l’asile, cela peut être pour cause de mutilation sexuelle féminine, elles sont alors contraintes de répéter tout le temps cette histoire, ce qui très douloureux pour elles. »

 

Service d’accueil et d’accompagnement des femmes victimes de violences

Afin de poursuivre leurs actions, en novembre 2022, FEA a ouvert un service d’accueil et d’accompagnement des femmes victimes de violences.

 

Laureline Guigon, psychologue sociale de formation et chargée de l’accompagnement des personnes victimes de violences sexistes et sexuelles : « le principe va être l’accompagnement de manière globale. Notre public est constitué principalement de femmes exilées ou réfugiées, et/ou victime de violences. Ces femmes viennent nous voir et sont orientées soit par les médiatrices/médiateurs soit par notre réseau, à savoir d’autres associations qui travaillent sur les mêmes thématiques que nous.

« Selon leurs situations, nous pouvons les accompagner de manière individuelle ou collective, en groupe de parole par exemple, en atelier collectif, de bien-être, d’estime de soi, avec l’aide de prestataires externes. Nous pouvons aussi, selon leur profil, leur proposer une réorientation vers des services adaptés. Nous les accompagnons aussi dans leurs prises de rendez-vous. Nous les aidons dans leurs dépôts de plainte, et à trouver une avocate.

Comme nous accueillons des personnes migrantes, beaucoup ne parlent pas français donc ça va être un frein en plus du frein culturelle pour faire les démarches donc là aussi, nous les accompagnons pour passer les coups de fils ou aller à des rendez-vous.  Nous les accueillons dans nos bureaux les mercredis et vendredis.

Il y a non seulement l’accompagnement mais aussi le partage d’informations, s’assurer qu’elles les comprennent, afin qu’elles s’emparent de la procédure, du cheminement qui est à faire. L’écoute est aussi au cœur de notre travail, savoir recevoir les attentes de la personne afin de pouvoir lui réponde correctement. »

Le but de l’association FEA est de favoriser des changements dans les rapports femmes-hommes, la fin des violences, du harcèlement, afin que les femmes prennent toute leur place dans la société, que les mentalités changent dans tous les milieux, et que tout le monde se sente concerné.

Rendez-vous le 8 mars au centre Paris Anim’ Place de fêtes pour de participer à l’événement « Quel sens pour la virilité dans un monde égalitaire ». Le lien pour s’inscrire en cliquant juste ici! 

Emma Pappo 50 50 Magazine

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