Articles récents \ Culture \ Livres Fawzia Zouari : « Nous voulons interroger la francophonie, aller au-delà du discours, souvent masculin, dont elle reste imprégnée »

Fawzia Zouari est une amoureuse de la langue française. Docteure en littérature comparée, journaliste engagée, défenseuse des droits des femmes dans les pays du Maghreb, lauréate de nombreux prix dont celui des Cinq continents de la Francophonie, elle a créé le Parlement des Écrivaines Francophones. Elle donnera sa vision, lors d’une conférence le lundi 3 avril à Monaco, sur les femmes dans la francophonie.

Vous êtes présidente du Parlement des Écrivaines Francophones (PEF), mais qu’est-ce que le PEF ? En quoi consistent vos actions ?

J’ai lancé le Parlement des Écrivaines Francophones en 2018 grâce au parrainage de la mairie d’Orléans et à l’adhésion de plusieurs écrivaines dont Leila Slimani, Sedef Ecer, Mayssa Bey, José-Marie Alie et bien d’autres. Le but : constituer une plateforme d’écrivaines francophones solidaires et actives. Notre devise est « Liberté, Fraternité, Féminité ». Nous voulons mettre en exergue la littérature, la langue française qui nous unit toutes, le combat des femmes et réclamons un regard sur les affaires du monde. Le Parlement des Ecrivaines Francophones compte aujourd’hui plus de 150 écrivaines venant des quatre coins du monde et c’est ce qui fait sa richesse car il s’inscrit au cœur de la diversité, celle des traditions, des cultures et de l’usage du français. Nous avons à notre actif des publications, des manifestes, des prestations, dont le « Cabaret des écrivaines » et le « Procès » autour du thème « Les femmes écrivaines sont-elles dangereuses ? »

Où en est la Francophonie aujourd’hui ?

Il faut poser la question aux institutions francophones ! Pour ce qui nous concerne, le PEF s’inscrit dans le prolongement du souffle de la langue française, son métissage et ses valeurs, dont la laïcité. Mais nous voulons aussi interroger la francophonie, aller au-delà du discours, souvent masculin, dont elle reste imprégnée, en tout cas initier une « francophonie au féminin » quant à la définition, à l’approche et aux finalités.

Quels sont les thèmes de prédilection abordés par les parlementaires ?

Nos discussions et nos rencontres tournent bien évidemment autour de l’écriture mais aussi de l’engagement qu’elle peut contenir et receler. Comment vient-on à la littérature, quelle place à la poésie, quels engagements peut-on porter et soutenir à travers la fiction ou l’essai… Nous restons vigilantes devant les obstacles mis devant cette écriture, les difficultés d’édition ou de communication. Mais nous abordons aussi les sujets d’actualité, environnement, paix, violences contre les femmes, répression des écrivaines et journalistes. Et là, nous nous exprimons à travers des manifestes publiés dans les médias.

Comment expliquez-vous cet amour de la langue française ?

Chaque écrivain peut l’expliquer à sa façon. Personnellement, j’ai écrit un livre entier sur ce sujet : «Molière et Shéhérazade», pour expliquer comment je suis venue de l’arabe au français sans que rien ne m’y prépare et comment cette langue est devenue plus importante que ma langue maternelle. En tout cas, elle est actuellement la langue de mes rêves, de mon engagement et de mes projections dans le futur. Est-ce que j’aurais pu être aussi amoureuse d’une autre langue ? Probablement. Pour le moment, mon parcours personnel m’y a amenée et elle est devenue, plus qu’une demeure, le seul pays où je me sens bien, où j’ai l’impression d’être là où je devrais être.

Propos recueillis par Laurence Dionigi 50-50 Magazine

La littérature, la femme et la francophonie. Lundi 3 avril à 18h30 au Théâtre des Variétés  1, boulevard Albert 1er Monaco. Entrée gratuite. Inscription : cefm.reservations@gmail.com

 

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