Brèves Nouvelle étude sur la parité derrière la caméra

Sur les dix dernières années, la place des femmes derrière la caméra a évolué et l’industrie connaît une transformation progressive, nourrie par une mutation des pratiques. Depuis la création du Collectif 50/50, différents outils ont été développés pour encourager la féminisation des équipes et notamment pour parvenir à un nombre bien plus évolué de cheffes de postes.

Les formations de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le bonus parité, les études chiffrées et, plus récemment, le lancement de la bible 50/50 notre annuaire inclusif, permettent aux producteur·rice·s de s’emparer de ces questions, et à toute l’industrie de prendre conscience de la nécessité d’une plus grande ouverture, afin de façonner un imaginaire collectif plus riche et divers. Il est aussi important que les conditions de travail des salarié·e·s de l’industrie soient prises en compte, et cela se jauge également à travers la visibilisation (ou l’invisibilisation) des femmes dans certaines professions.

La présente étude propose de revenir sur les évolutions au cours des 10 dernières années, en mettant en avant la place qu’occupent les réalisatrices de cinéma au regard du genre des films sortis en salle (fiction, documentaire ou film d’animation), mais aussi selon les budgets avec lesquels elles travaillent, ou encore le nombre de films qui leur aura été donné de réaliser en 10 ans.

L’apparition en 2019 du bonus parité a permis de commencer à observer les données liées aux films éligibles à ce bonus, et donc d’étendre cette question de parité aux équipes plus globalement. Ainsi, sur 10 ans, on dénombre 27% de femmes réalisatrices actives (26% en fiction, 33% en documentaire, 13% en animation).Si la part des films d’initiative française réalisés ou co-réalisés par des femmes atteint près d’un tiers des films produits en 2022, nous sommes encore loin de la parité femmes/hommes. On notera une faible présence de réalisatrices de films d’animation, ou encore des documentaires pour lesquels les chiffres varient fortement d’une année à l’autre…

Sur le plan budgétaire, l’écart femmes/hommes constaté dans le devis moyen des films a certes diminué pour atteindre -21% en 2022, mais cet écart se creusait depuis 2017. Le Collectif 50/50 ose espérer qu’il ne s’agit pas là que d’une année exceptionnelle… Par ailleurs, plus de 3/4 des réalisatrices restent cantonnées à des budgets inférieurs à 4 millions d’euros, avec une incidence systématique sur les salaires (notamment pour les films en annexe 3).

Il faut également garder à l’esprit que, plus la carrière des cinéastes avance, plus les 3e, 4e, 5e films sont des privilèges souvent réservés aux hommes et figurent généralement parmi les films les plus soutenus financièrement par les institutions.

Les efforts politiques et financiers en faveur de la parité derrière la caméra doivent non seulement être maintenus mais surtout renforcés, notamment pour renverser cet écart qui se creuse dès la sortie des écoles de cinéma.

Enfin, si les données sur la parité sont facilement analysables, la question de la diversité devant et derrière la caméra est également primordiale, et les statistiques ethno-raciales – aujourd’hui très strictement encadrées par la loi – représentent un sujet majeur que le Collectif 50/50 souhaite prendre à bras le corps, afin de cesser d’invisibiliser ces questions trop peu mises en lumière dans notre industrie.

 Collectif 50/50

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