Articles récents \ France \ Sport Khoudièdji Sidibe : « Poser dans les magazines … c’est ma façon de dire que ma féminité est en harmonie avec ma musculature »

Sous ses kilos de muscles, la sportive Khoudièdji Sidibe alias TJIKI, cache une grande douceur et un tempérament d’acier doublé d’une persévérance hors pair. Elle cumule les titres dans une discipline encore méconnue en France, le Body fitness.

Vous êtes vice-championne du monde et championne d’Europe de body fitness. Petite fille, est-ce le métier que vous vouliez exercer ? 

Quand j’étais petite fille, je ne pensais pas devenir une championne, mais je savais que le métier que je voulais faire était professeure de sport. A ce jour, je le suis et j’ai évolué dans cette directive étant responsable fitness mais aussi dans d’autres domaines comme le mannequinat, actrice ou designer.

Vous avez été également championne du Sénégal et championne d’Afrique du 100 mètres haies. Vous avez pratiqué aussi le rugby. Qu’est-ce qui vous séduit dans le body fitness, votre discipline de prédilection ?

Effectivement, j’ai été championne d’Afrique et du Sénégal du 100 mètres haies et j’ai pratiqué également le rugby. Ce qui me plait dans la discipline du body fitness, c’est la rigueur qu’elle impose. Il faut toujours travailler, ne pas lâcher, ce qui exige un entrainement rigoureux. Nous devons connaitre suffisamment le fonctionnement de notre organisme pour pouvoir adapter l’entrainement et l’alimentation adéquate. Une hygiène de vie doit être quasi irréprochable, et surtout avoir le contrôle sur son évolution physique c’est-à-dire pouvoir façonner son image à sa guise. Nous sommes actrices du modelage de notre corps.

Pensez-vous que les femmes musclées font peur aux hommes ?

Non, je ne crois pas…. Je pense plutôt que cela les impressionne. Les hommes savent que le body fitness demande une bonne hygiène de vie. Qui dit hygiène de vie, dit entrainement calibré, alimentation correcte, un bon sommeil récupérateur, pas d’alcool ou le moins possible, pas de cigarette, rares sorties… bref, nous devons avoir un mental d’acier pour persévérer. 

Le milieu culturiste est-il égalitaire en termes de salaire ?

Dans le culturisme il existe plusieurs disciplines dont ma catégorie, le Body Fitness. Nous sommes plus visibles dans les médias que les hommes car notre corps est beau et exposé. Le fait que nous soyons quasi dénudées, relève d’un certain fantasme pour les hommes. Maintenant financièrement parlant, c’est une autre histoire ! Les hommes sont mieux payés que les femmes malheureusement comme tout autre pratique sportive. 

Vous êtes aussi mannequin pour les marques de luxe Gucci et Jean-Paul Gaultier. Vous avez joué dans le film Pearl d’Elsa Amiel et vous posez pour des magazines. Est-ce un pied de nez aux personnes qui estiment que les femmes musclées sont moins attirantes ? 

Avoir la chance de pouvoir poser pour des magazines ou collaborer avec de grandes marques, c’est ma façon de dire que ma féminité est en harmonie avec ma musculature. Beaucoup pensent qu’une femme musclée n’est pas sexy et attirante. Je ne les écoute pas, je ne les vois pas et leur opinion ne m’intéresse pas. Je fonce !

Comment expliquez-vous qu’en France, le body fitness ne soit pas considéré comme un sport à part entière ? Le rapport au corps est-il différent ?

En France le culturisme n’est effectivement pas considéré comme un sport à part entière car le culturisme avec ses différentes disciplines comme le bikini, le wellness, le women physique, le bodyfitness, le men’s classic, etc, c’est avant tout faire de la « musculation ». Les autres sports comme le foot, le rugby, le tennis, la formule 1, nécessitent également de la musculation mais à une autre échelle. Donc, cette discipline peut être considérée comme un complément d’une autre pratique. Je remarque que le regard de notre société sur une personne qui pratique le culturisme est plus agressif, moins empathique que sur une personne qui exerce n’importe quelle autre discipline. Le rapport au corps est effectivement différent en France.

Quel est votre message pour les jeunes générations ?

Une citation que j’aime beaucoup et il n’y a pas un jour où je ne la cite pas : « pense, crois, rêve et ose.»

Laurence Dionigi 50-50 Magazine

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