Brèves Les patient.es, grand.es oublié.es du plan contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) du Ministère de la santé

Le communiqué de presse du Ministère de la Santé le vendredi 31 mai annonçant les premières mesures du plan ministériel pour lutter contre les VSS en santé ne prend pas en compte les patient.es. Lors de notre audience du mercredi 29 mai, Marion MARTY, directrice adjointe du cabinet du ministre de la Santé et de la Prévention, et Nadège GRATALOUP, conseillère chargée des établissements de santé, ressources humaines et relations sociales du ministère, nous a fait savoir qu’aucune mesure du plan ne concernera les patient.es. Aucune organisation de patient.es ne sera acceptée dans le groupe de travail déjà constitué. Rien de nouveau sous le soleil.

Dans ce communiqué, le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, a « réaffirmé la fermeté du Gouvernement en matière de violences sexistes et sexuelles et la tolérance zéro qui sera appliquée ». Or, celles-ci s’avèrent exclure les patient.es.

Pour rappel, un bref historique :

  • 7 octobre 1940 : création de l’Ordre des Médecins,

  • 4 mars 2002 : loi Kouchner (suite à la lutte des patient.es souffrant de VIH),

  • 15 octobre 2017 : #MeToo devenu viral suite aux dénonciations d’Alyssa Milano contre Harvey Weinstein (mouvement lancé par Tarana Burke en 2006),

  • 20 novembre 2017 : création de Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France.

Cela ne fait donc pas l’ombre d’un doute : si en ce mois d’avril 2024 Karine Lacombe, autrice du livre Les femmes sauveront l’hôpital aux éditions Stock, a réussi à faire entendre sa voix contre Patrick Pelloux, elle a pu bien sûr y parvenir en s’appuyant sur la puissante vague des #MeToo. De même, si le monde médical est apparu aux yeux de tou.te.s, comme étant enfermé dans un entre-soi gardé par des rapports hiérarchiques et par une omerta confraternelle jouant à la fois contre les patient.es et contre les soignant.es et les étudiant.es, c’est grâce à l’indignation et à la détermination des patient.es. Il faut regarder les choses en face, les patient.es ont « servi » d’évaluation externe, autant dire d’audit gratuit.

Le rassemblement du mercredi 29 mai devant le Ministère de la Santé, alliant organisations de patient.es, d’étudiant.es, et de soignant.es le prouve : par-delà un rapport de force nécessaire, seul un partenariat peut être efficace pour faire bouger les lignes. Lignes qui n’avaient pas bougé depuis plus de 80 ans, et ce, malgré le vote de la loi Kouchner voici 22 ans. L’existence, ou plutôt la persistance des VSS en santé, dont font partie les violences obstétricales et gynécologiques (VOG), en sont la triste démonstration. Les témoignages ont permis de les révéler. Ils ne sont autres que des douleurs qui ont été pour le moins non évaluées, voire permises et silenciées par l’entre-soi et l’omerta du milieu médical.

Monsieur le Ministre Délégué, ne réaffirmez pas cet entre-soi au moment d’une grande remise en question, ne réaffirmez pas cette omerta au moment où la parole se libère. Inclure dès à présent dans le dispositif, les patient.es ayant eu le courage de briser le déni par la force de leur parole, serait un signe fort de votre considération. La nouveauté serait l’inclusion. La nouveauté serait le partenariat soignant.es, étudiant.es et patient.es dans une lutte convergente contre les VSS en santé dans le milieu médical, et contre les VOG. La nouveauté serait la création d’un “nous” soignant.es, étudiant.es, patient.es, pour rétablir la confiance de part et d’autre.

Association Pour Une Médecine Engagée, Unies et Féministe (Pour Une M.E.U.F.) Association Solid’up, d’étudiant.es en médecine de l’Université Paris Cité, Association Zitelle In Zerga (Corse), Cabinet Sexologie et Résilience, Collectif Emma Auclert, Collages Féminicides Corse, Collectif Féministe Contre le Viol, Collectif féministe Héro•ïnes 95,  Collectif Lilalune etc., Collectif NousToutes, Collectif IVG Tenon, Collectif National pour les Droits des Femmes (CNDF), Compagnie Mi-Fugue Mi-Raison, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et la Contraception (CADAC), Fédération Sud Santé, Sociaux Féministes Contre le Cyberharcèlement, Mémoire Traumatique et Victimologie, Mouvement pour l’Insoumission aux Ordres Professionnels, Réseau Féministe “Ruptures”, Stop VOG, France Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG), Syndicat Sud Santé Tenon, l’Union Étudiante Union Syndicale Solidaire, #IWasCorsica.

 

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