Non classé « Nous ne sommes pas là pour faire le café ! »

Participantes © Genre en action

Participantes © Genre en action

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Le forum de l’Awid sur l’économie et le développement a attiré de très nombreuses jeunes femmes. Venues là pour apprendre, échanger, mais surtout pour prendre leur place dans un mouvement féministe mondial où on ne les écoute pas toujours assez.

« Lorsque j’ai commencé à militer dans une association de femmes on m’a surtout demandé de faire le café !, s’exclame, encore indignée par ce souvenir, Jennifer Tamba Nkebani, jeune avocate de Kinshasa. Or, nous attendons plutôt de participer aux discussions, nous ne voulons qu’on nous accepte seulement pour la logistique… »

Comme sa compatriote, c’est lorsqu’elle a été invitée à participer à une réunion de jeunes féministes francophones au Cameroun que Françoise Mukuku, de l’association congolaise Si jeunesse savait, a réalisé ce que les jeunes femmes pouvaient apporter de nouveau au mouvement :

« Même si le fait d’être femme nous rassemble, les problèmes que nous avons à affronter aujourd’hui sont différents, la violence diffusée par les réseaux sociaux, par exemple, ou la façon de vivre sa sexualité. La manière d’y faire face aussi. Nous comprenons souvent bien mieux que nos aînées les possibilités ouvertes par les nouvelles technologies ! »

Des idées utiles donc, et une façon nouvelle d’aborder de vieux problèmes. « Sur chaque sujet, il me semble que nous apportons un nouvel angle de vue, qui devrait être pris en compte », ajoute-t-elle.

Ces jeunes femmes, il est temps de les écouter. Comme Jennifer Tamba Nkebani, qui explique aux prostituées de sa ville les lois sur le harcèlement sexuel, Leticia Zenevich, Brésilienne, qui défend les droits des LGBT ou Angelica Espinosa, Colombienne vivant en France, qui a choisi d’approfondir sa réflexion par des études pointues sur le genre, elles sont avides de participer à un combat dont elles n’ignorent pas l’urgence.

Les responsables de l’Awid l’ont compris et ont créé en 2008 un programme dédié aux jeunes femmes. Sa responsable, Marisa Viana, explique pourquoi :

« Nous nous sommes rendues compte que les jeunes femmes étaient partout, dans toutes les initiatives. Or, elles n’hésitent pas à intégrer les jeunes gens dans leurs actions, à affronter les challenges au militantisme que pose la mondialisation et sont très sensibles au retour en arrière sur les droits des femmes. Elles ne veulent surtout pas être considérées comme des victimes, et ce qu’elles cherchent, ce sont des outils adaptés au monde contemporain. Nous avons donc mis en place, pour poursuivre la mobilisation du forum, une plateforme en ligne pour les jeunes féministes qui leur permettra de continuer à partager leurs expériences. »

Mais ces jeunes militantes ont aussi besoin d’argent, que les donneurs traditionnels hésitent souvent à leur fournir à cause de leur manque d’expérience. Le programme de l’Awid leur apporte donc de l’aide, même au travers de petites sommes – de un à quelques milliers de dollars –, sachant que le premier pas est souvent celui qui compte le plus…

Moïra Sauvage – EGALITE

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