Articles récents \ Île de France \ Société Eduquer à l’égalité dans la sexualité pour prévenir les violences

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Cette année, la Mairie de Paris consacre le mois de mars au thème de l’éducation des jeunes à l’égalité dans la sexualité. En amont de la journée du 8 mars, une conférence interprofessionnelle était organisée. A travers les thèmes des stéréotypes, du consentement ou encore de l’orientation sexuelle, les différent·es intervenant·es ont parlé de leur engagement auprès des jeunes d’Ile-de-France pour transmettre les notions d’empathie, de respect et de tolérance.

La conférence de la Mairie de Paris regroupait des intervenant·es d’Ile-de-France, aux profils variés : membres d’associations, chercheur·euses, militant·es, juristes, docteur·es, etc. Il s’agissait d’échanger et de transmettre des réflexions, des expériences, mais aussi des ressources. L’objectif était d’identifier les bonnes pratiques en matière d’éducation à une sexualité égalitaire et, in fine, de prévention des violences sexuelles.

Une première étape primordiale : tordre le cou aux stéréotypes

Céline Piques, d’Osez le féminisme !, a tout d’abord fait le constat de la prégnance des stéréotypes dans les conceptions qu’ont les jeunes de la sexualité. Hymen, préliminaires, couilles bleues, « perte » de sa virginité, ce sont tout autant de mythes patriarcaux qu’il faut déconstruire. A l’aide d’un outil appelé Les Frangines, Osez le féminisme ! intervient donc en milieu scolaire pour lutter contre ces stéréotypes et réaffirmer l’importance d’un désir partagé. 

Pour la chercheuse Anne Crémieux, déjouer les stéréotypes, c’est questionner les images auxquelles sont exposé·es les jeunes. Elle pointe du doigt le male gaze, c’est-à-dire la mise en scène dans le cinéma, la publicité et le porno d’un regard masculin qui objectifie les femmes de façon voyeuriste. Il faut outiller les jeunes pour qu’elles/ils soient critiques vis-à-vis de ces représentations stéréotypées. 

Par exemple, pourquoi ne pas mettre en avant le female gaze, qui remet les femmes et leur ressenti au cœur de l’œuvre ? Autre piste : le site Genrimages, créé par le centre audiovisuel Simone de Beauvoir, propose des ressources en ligne pour décrypter et déconstruire les stéréotypes genrés véhiculés dans les médias et la culture.

Deuxième étape : s’éloigner d’une conception binaire du consentement

La doctorante en sociologie Alexia Boucherie a critiqué la vision binaire du consentement sexuel. En réalité, il y a une diversité d’expériences, ainsi que des zones grises. Dans un premier temps, le slogan des militant·es féministes était : « non, c’est non », céder n’est pas consentir. Puis, s’est développé le slogan « oui, c’est oui ». Ce slogan est une contestation vis-à-vis du droit pénal qui demande une « violence, contrainte, menace ou surprise » (article 222-23 du Code Pénal) pour caractériser le viol. Mais qu’en est-il des zones grises, c’est-à-dire quand les relations sexuelles sont volontairement consenties mais non désirées ? Se focaliser sur la capacité individuelle à dire oui ou non, c’est nier les rapports de pouvoir qui se jouent entre les individus, même quand ils/elles ne souhaitent pas exercer de violences.

En matière de consentement, un changement du droit pénal français est nécessaire. En effet, la définition juridique du consentement est primordiale. Elle filtre les plaintes qui arrivent devant la justice et permet donc l’impunité des violences sexuelles. Le droit français doit s’aligner sur les instruments juridiques internationaux comme la Convention d’Istanbul (article 36-2).

Concrètement, comment sensibiliser les jeunes à la question du consentement ? Sébastien Brochot, formateur au CRIAVS Ile-de-France, a présenté des outils et programmes de prévention des violences sexuelles. Il a rappelé qu’être capable de parler de ce dont on a envie et de ses limites diminue les risques d’être victime de violences sexuelles. Les adultes doivent aussi être à l’écoute et inviter les jeunes à verbaliser ce qui les rend mal à l’aise.

Troisième étape : sensibiliser sur le rapport au corps, l’orientation sexuelle et les identités de genre

Pour cette dernière étape, la docteure en sociologie Yaëlle Amsellem Mainguy met en garde les professionnel·les intervenant auprès des jeunes. Il ne faut pas porter un regard réprobateur sur la sexualité des jeunes. Le risque ? Tomber à côté de leurs interrogations réelles. La sociologue a analysé les recherches internet des jeunes par rapport à la sexualité. Elles/ils se posent des questions sur les menstruations et les cycles menstruels. A ce sujet, l’association Règles Élémentaires organise d’ailleurs des ateliers de prévention en milieu scolaire pour lutter contre le tabou des règles. En parallèle, les jeunes s’interrogent aussi sur les questions de contraception, de VIH, d’IST, de mycoses… 

Enfin, Yaëlle Amsellem Mainguy a recensé des recherches internet sur l’orientation sexuelle, les identités de genre, le coming out. Sur ces sujets, l’association MAG jeunes propose des ateliers de sensibilisation dans les écoles pour lutter contre les LGBTphobies et le sexisme. L’association présente aux élèves un tableau des identités LGBT, version simplifiée de la licorne du genre.

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Grâce à cette conférence, la Mairie de Paris donne un aperçu de l’étendu des ressources disponibles en Ile-de-France pour éduquer à une sexualité égalitaire et, in fine, lutter contre les violences sexistes et sexuelles auxquelles sont exposé·es les jeunes. 

Maud Charpentier, 50-50 Magazine

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